mardi 19 mai 2015

Santé : l'ordonnance par téléphone arrive


Santé : l'ordonnance par téléphone arrive

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C'est l'offre que lance un assureur à partir du mois prochain. Du côté des médecins généralistes et de l'Ordre national, elle fait grincer des dents.

Qui est concerné ?
Selon Axa, 2,2 millions de personnes. C'est-à-dire tous les assurés bénéficiant d'une complémentaire santé d'entreprise de cet assureur. À partir de juin, ils pourront appeler « gratuitement » un médecin généraliste 24h/24, sept jours sur sept. Pour cela, une équipe de 22 médecins, salariés d'Axa, est en train d'être constituée. Selon l'assureur, ce service a été créé « parce que dans certaines situations, il n'est pas toujours possible de joindre son médecin traitant ».

Une prescription par téléphone ?
Ce sera possible, mais à certaines conditions. Si une situation d'urgence est détectée, le médecin d'Axa devra orienter le patient vers le 15. Il n'assurera pas, non plus, de consultations spécialisées ni psychologiques. Et ne pourra délivrer d'arrêt de travail ou de certificat médical.
Seront donc concernées les pathologies pour lesquelles « un conseil ou une prescription peuvent apporter une solution à court terme » : rhinite allergique, conjonctivite sans antécédent d'herpès, syndrome grippal en période d'épidémie... La prescription sera ensuite adressée au patient ou directement au pharmacien. Un compte rendu de la consultation téléphonique pourra enfin être envoyé au médecin traitant de l'assuré, si ce dernier le souhaite.
Est-ce un nouveau service ?
Oui et non. Un décret de 2010 officialise et encadre la téléconsultation, déjà pratiquée au Danemark et en Suisse. En France, des plates-formes médicales existent aussi : Médecin direct a par exemple ouvert la sienne fin 2010. Via certaines mutuelles ou complémentaires santé, des patients peuvent y contacter à tout moment un médecin généraliste. Mais, dans l'immédiat, Médecin direct ne délivre que des conseils, pas encore de prescription.
Par ailleurs, depuis peu, le gouvernement a autorisé l'expérimentation de téléconsultations entre des patients et des médecins spécialistes, notamment dans des régions où ces derniers sont peu présents.
Les médecins sont-ils inquiets ?
Le Conseil national de l'Ordre des médecins (CNOM), oui. À partir du 1er janvier 2016, les complémentaires santé seront obligatoires dans toutes les entreprises. Vingt-quatre millions de salariés et leurs ayants droit sont concernés. L'Ordre, persuadé que ce type de service va se généraliser, s'interroge : « N'est-on pas en train de créer en marge du médecin traitant et du parcours de soins, financé par l'assurance-maladie obligatoire, un système qui va le doublonner et sera pris en charge uniquement par l'assurance-maladie complémentaire ? »
Autrement dit, le salarié paiera-t-il deux fois la possibilité de consulter un médecin, via ses cotisations sociales et via son adhésion à sa complémentaire santé ? Si Axa ne communique pas le coût de ce nouveau service, le Conseil de l'Ordre, lui, attend une réponse du ministère de la Santé.
Pierrick BAUDAIS.

   Ouest-France

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