Madrid, Berlin, Londres et Rome se
montrent circonspects vis-à-vis des efforts promis par Paris pour
respecter ses engagements envers Bruxelles.
Comment sont perçues les réformes et les
économies budgétaires annoncées par le gouvernement Valls en début de
semaine? Tour d'horizon des réactions de nos partenaires européens qui
attendent de voir si François Hollande va respecter les critères de
Maastricht.
Dès janvier, le quotidien La Razón (droite) estimait ainsi: «François Hollande a mis presque deux ans à accepter la réalité.» L'article était sobrement intitulé «la fin de la grandeur» (en français dans le texte).
Dans la péninsule ibérique, le passage en novembre 2011 du gouvernement socialiste de Zapatero au cabinet conservateur de Mariano Rajoy n'a guère modifié la recette économique, appliquée sous la pression de Bruxelles et Berlin. Depuis 2010, les cures d'austérité successives ont retranché plusieurs dizaines de milliards d'euros de dépenses à chaque budget, tandis que tous les impôts ont été augmentés.
L'idée que Paris doive à son tour rentrer dans le rang est largement partagée. Dans les débats, il n'est pas rare qu'un intervenant rappelle qu'avant Madrid, Paris et Berlin ont été les premiers à violer les limites des déficits fixées par les critères de Maastricht.
«Une économie qui commence à décliner, qui perd sa compétitivité, qui accumule les déficits publics, qui amasse une énorme dette dans le ventre d'un État réfractaire à la diète… l'histoire est connue», écrivait El Pais (centre gauche) le 1er avril. Et de citer la Grèce, l'Irlande et le Portugal. Avant de conclure: «Sauf que cette fois-ci, c'est le tour de l'un des grands: la France.»
«Il y a beaucoup d'inquiétude en Allemagne sur la capacité de la France à se redresser», renchérit Daniela Schwarzer, directrice du German Marshall Fund à Berlin et spécialiste de la France. «Avec un déficit de 4,3 % en 2013, la France est très loin de son objectif de 3 % en 2013. «L'Allemagne craint une remise en cause de tout le système si la France est autorisée à faire ce qu'elle veut», décrypte l'experte. Ce qui n'empêche pas Berlin de s'inquiéter aussi d'un effondrement de la croissance en France, situation exceptionnelle qui seule autoriserait à reconsidérer l'intransigeance budgétaire.
L'arrivée à Matignon de Manuel Valls, présenté comme un «Tony Blair français», a été remarquée. Mais les Anglais attendent de juger sur pièces. «Sa nomination a été perçue comme un signe de réalisme bien que le message ait été atténué par celle d'Arnaud Montebourg à Bercy, commente Iain Begg, professeur d'économie spécialiste de l'Europe à la London School of Economics. Le sentiment en Grande-Bretagne est que, sous les gouvernements de droite comme de gauche, la France sait bien ce qu'elle doit faire mais n'ose pas s'y confronter. Elle utilise son poids dans l'Union européenne pour toujours repousser l'inévitable, une réduction volontaire des dépenses publiques.» Qu'importe si le déficit britannique reste bien supérieur (plus de 6 % du PIB l'an dernier) à celui de la France. N'étant pas dans l'euro, le Royaume-Uni n'a pas à respecter les critères de Maastricht. Fort d'une croissance retrouvée, Londres vise le retour à l'équilibre en 2018.
La presse de la péninsule s'indigne qu'on accole l'Italie à la France en parlant d'un «axe des mauvais élèves». Matteo Renzi ne cache pas son intention d'infléchir la rigueur. Mais pas question pour autant de faire des concessions qui remettrait en cause les objectifs fixés. Il en parlera avec Manuel Valls dès qu'il le verra.
Pour le Corriere della Sera, «si l'entente Renzi-Valls servait à promouvoir une politique européenne plus orientée sur la croissance, très bien. Mais si cela était un raccourci pour ne pas respecter les pactes, la France en profiterait et l'Italie en ferait les frais».
Pour sa part l'ancien premier ministre et patron de la Commission Romano Prodi défend l'idée d'un «pacte à trois» Italie, Espagne et France pour contrer Angela Merkel. Pour le quotidien économique Il Sole 24 Ore, si Paris veut continuer de mener la bataille pour obtenir un assouplissement de Bruxelles, «compréhensible» en période électorale, ce sera sans le concours de l'Italie.
• Madrid ironise sur la rigueur hexagonale
En Espagne, les observateurs attendent la conversion de la France à l'austérité avec une certaine impatience. Les Espagnols saluent avec une certaine ironie la découverte des vertus de la rigueur par la France.Dès janvier, le quotidien La Razón (droite) estimait ainsi: «François Hollande a mis presque deux ans à accepter la réalité.» L'article était sobrement intitulé «la fin de la grandeur» (en français dans le texte).
Dans la péninsule ibérique, le passage en novembre 2011 du gouvernement socialiste de Zapatero au cabinet conservateur de Mariano Rajoy n'a guère modifié la recette économique, appliquée sous la pression de Bruxelles et Berlin. Depuis 2010, les cures d'austérité successives ont retranché plusieurs dizaines de milliards d'euros de dépenses à chaque budget, tandis que tous les impôts ont été augmentés.
L'idée que Paris doive à son tour rentrer dans le rang est largement partagée. Dans les débats, il n'est pas rare qu'un intervenant rappelle qu'avant Madrid, Paris et Berlin ont été les premiers à violer les limites des déficits fixées par les critères de Maastricht.
«Une économie qui commence à décliner, qui perd sa compétitivité, qui accumule les déficits publics, qui amasse une énorme dette dans le ventre d'un État réfractaire à la diète… l'histoire est connue», écrivait El Pais (centre gauche) le 1er avril. Et de citer la Grèce, l'Irlande et le Portugal. Avant de conclure: «Sauf que cette fois-ci, c'est le tour de l'un des grands: la France.»
• Berlin doute de la capacité d'agir de la France
Vue d'Allemagne, la France est sur la bonne voie. Les réformes et les économies budgétaires annoncées par le gouvernement de Manuel Valls sont perçues positivement à Berlin. Mais il reste à Paris du chemin à parcourir et les experts outre-Rhin sont en proie au doute. «François Hollande a visiblement compris les problèmes de son pays. Mais les capacités du pouvoir politique sont limitées», estime Karl Brenke, analyste économique à l'institut DIW. La compétitivité allemande, explique-t-il, repose notamment sur une pratique de cogestion des entreprises, un tissu de PME performantes et par un système de formation plus développé qu'en France. Une réalité qui n'est pas transposable. La France «a besoin de réformes de long terme», dit-il. Or les médias allemands pointent du doigt l'absence de réformes de structure dans le programme annoncé par le premier ministre: rien sur le niveau du salaire minimum ou pour rendre plus facile les licenciements.«Il y a beaucoup d'inquiétude en Allemagne sur la capacité de la France à se redresser», renchérit Daniela Schwarzer, directrice du German Marshall Fund à Berlin et spécialiste de la France. «Avec un déficit de 4,3 % en 2013, la France est très loin de son objectif de 3 % en 2013. «L'Allemagne craint une remise en cause de tout le système si la France est autorisée à faire ce qu'elle veut», décrypte l'experte. Ce qui n'empêche pas Berlin de s'inquiéter aussi d'un effondrement de la croissance en France, situation exceptionnelle qui seule autoriserait à reconsidérer l'intransigeance budgétaire.
• À Londres, Hollande est un repoussoir
À un an des prochaines élections générales au Royaume-Uni, la France est devenue un contre-argument électoral pour les conservateurs. Pour eux, «la France de François Hollande est un avant-goût de ce que serait la Grande-Bretagne d'Ed Miliband», le leader du Parti travailliste, écrit le magazine de droite The Spectator, qui conclut: «Et c'est terrifiant». Sans pitié, il qualifie les deux ans de présidence de Hollande de «pur désastre», marqué notamment par la fameuse «taxe à 75 %». Ce message est tellement martelé qu'après avoir salué la victoire du président socialiste en 2012, Ed Miliband fait tout pour éviter désormais de lui être associé.L'arrivée à Matignon de Manuel Valls, présenté comme un «Tony Blair français», a été remarquée. Mais les Anglais attendent de juger sur pièces. «Sa nomination a été perçue comme un signe de réalisme bien que le message ait été atténué par celle d'Arnaud Montebourg à Bercy, commente Iain Begg, professeur d'économie spécialiste de l'Europe à la London School of Economics. Le sentiment en Grande-Bretagne est que, sous les gouvernements de droite comme de gauche, la France sait bien ce qu'elle doit faire mais n'ose pas s'y confronter. Elle utilise son poids dans l'Union européenne pour toujours repousser l'inévitable, une réduction volontaire des dépenses publiques.» Qu'importe si le déficit britannique reste bien supérieur (plus de 6 % du PIB l'an dernier) à celui de la France. N'étant pas dans l'euro, le Royaume-Uni n'a pas à respecter les critères de Maastricht. Fort d'une croissance retrouvée, Londres vise le retour à l'équilibre en 2018.
• Rome ne veut pas être mauvais élève
Ce que l'Italie de Matteo Renzi cherche avant tout à éviter, c'est de passer pour un «mauvais élève» de l'Europe. À trois mois de prendre la présidence semestrielle du Conseil européen, elle entend montrer qu'elle respecte les paramètres de déficit public. Son «document de programmation financière» adopté le 8 avril en Conseil des ministres réaffirme que le déficit n'excédera pas 2,6 % du PIB en 2014. Même si le Sénat vient de voter le report d'un an, au 31 décembre 2016, du retour à l'équilibre.La presse de la péninsule s'indigne qu'on accole l'Italie à la France en parlant d'un «axe des mauvais élèves». Matteo Renzi ne cache pas son intention d'infléchir la rigueur. Mais pas question pour autant de faire des concessions qui remettrait en cause les objectifs fixés. Il en parlera avec Manuel Valls dès qu'il le verra.
Pour le Corriere della Sera, «si l'entente Renzi-Valls servait à promouvoir une politique européenne plus orientée sur la croissance, très bien. Mais si cela était un raccourci pour ne pas respecter les pactes, la France en profiterait et l'Italie en ferait les frais».
Pour sa part l'ancien premier ministre et patron de la Commission Romano Prodi défend l'idée d'un «pacte à trois» Italie, Espagne et France pour contrer Angela Merkel. Pour le quotidien économique Il Sole 24 Ore, si Paris veut continuer de mener la bataille pour obtenir un assouplissement de Bruxelles, «compréhensible» en période électorale, ce sera sans le concours de l'Italie.
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