La presse étrangère partagée sur le plan d'économies de Valls
Alors que le regard porté par la presse économique anglo-saxonne sur
les mesures annoncés par Valls reste sceptique, les journaux espagnols,
italiens et allemands sont plus indulgents, voire fascinés.
A l'étranger comme en France. Le plan d'économies annoncé mercredi par Manuel Valls, qui prévoit une réduction des dépenses publiques de 50 milliards d'euros d'ici à 2017, suscite des réactions aussi contrastées au-delà des frontières que dans l'Héxagone.
Alors que les journaux américains et britanniques insistent sur le
caractère cosmétique des mesures annoncées, la presse espagnole,
italienne est britannique se montre plutôt convaincue.
Des efforts inférieurs à ceux d'autres pays de la zone euro, selon les médias anglosaxons
Pour les journaux anglo-saxons, la France se plaint trop.
Les économies que Valls a promises hier non seulement n'ont rien de
nouveau, mais n'égalent pas celles déjà réalisées ailleurs en Europe.
Elles risquent d'ailleurs de ne pas satisfaire les exigences de
Bruxelles.
"Pour la première fois, Manuel Valls a indiqué que le
gouvernement est prêt à s'attaquer au domaine politiquement sensible de
l'Etat social français afin d'atteindre le niveau d'économies fixées", concède The Wall Street Journal. "Toutefois,
plusieurs des initiatives citées par Valls correspondent à des mesures
qui avaient déjà été annoncées par le gouvernement", souligne le quotidien américain. Le WSJ, qui cite des analystes, observe d'ailleurs que "si
la France se tient à son plan d'ici 2017, elle aura réalisé en six ans
un redressement budgétaire inférieur à celui accompli par l'Espagne en
trois ans".
"Malgré
les protestations de longue date à gauche comme à l'extrême droite
contre ce qui est défini comme 'l'austérité imposée par Bruxelles', la
France a jusqu'à présent largement évité les coupes draconiennes
réalisées par d'autres pays de la zone euro atteints par la crise", renchérit le Financial Times.
Malgré les promesses de Valls, le quotidien britannique doute de la
capacité de la France d'atteindre les objectifs fixés par Bruxelles, "déjà repoussés deux fois", notamment à cause des "promesses d'autres allègements fiscaux pour les plus bas revenus".
Un changement radical, selon la presse espagnole
Paradoxalement, le regard porté sur le plan d'économies
annoncé par Valls est en revanche bien plus indulgent en Espagne, pays
justement pris en exemple par les journaux américains et britanniques.
El Pais pointe notamment un "changement radical" dans la manière du gouvernement socialiste de s'attaquer au déficit, par rapport au choix de 2012 de François Hollande d'augmenter les impôts pour préserver les dépenses sociales. Le quotidien espagnol ne manque pas d'insister sur le style de Valls qui, "attentif
aux symboles - et à son profil d'homme politique déterminé -, s'est
substitué au porte-parole du gouvernement dans la conférence de presse
qui suit habituellement le Conseil des ministres : chose inédite dans l'histoire de la Vème République".
Pour El Mundo, "la France oublie l'idéologie pour répondre à l'Europe". "Le
plan drastique d'ajustement des dépenses publiques annoncé par Manuel
Valls constitue une présentation courageuse du nouveau Premier ministre
français. Les
critiques de l'aile gauche de son parti ne se sont pas faites attendre,
mais si la France a l'intention de respecter ses engagements européens,
comme doit le faire l'Espagne, elle ne doit pas se contenter de discours idéologiques qui ne sont pas conformes à la réalité et trompent le public".
Valls "déconcerte" aussi en Italie et en Allemagne
Les quelques journaux italiens qui reprennent l'information partagent aussi le regard bénévole de la presse espagnole. Il sole 24 ore évoque la "déclaration surprise au terme du Conseil des ministres" de Valls et considère que "la mesure la plus retentissante est le gel des retraites pendant un an". Europaquotidiano,
organe de presse officiel du Parti démocrate, insiste sur les
ressemblances entre Manuel Valls et Matteo Renzi : le premier comme le
deuxième "accélère" et "déconcerte".
En Allemagne aussi, le ton est plutôt celui de l'étonnement. Selon Die Welt, en déclarant que"les pensions et les prestations doivent être congelées", "Valls annonce austérité radicale". Le journal allemand rappelle néanmoins que le Premier minsitre français, qui "avait déjà annoncé son intention d'intensifier les mesures d'austérité du gouvernement", "a parlé d'une austérité 'juste' parce que 'uniformément répartie'".
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