lundi 14 avril 2014

L'Agence publique pour la création d'entreprises au bord du dépôt de bilan

Question de vie ou de mort! L'Agence pour la création d'entreprises (APCE) sera fixée mercredi sur son avenir. Un conseil d'administration exceptionnel va essayer de trouver une solution pour lui éviter la cessation de paiement. Et il y a urgence. Car l'agence - qui emploie 42 salariés et dont la présidente a décidé de ne pas rempiler au bout de dix-huit mois de mandat - a de quoi tenir pendant encore trois semaines. Au-delà, faute de garanties et de nouveaux bailleurs de fonds, elle mettra la clé sous la porte. En cause? L'État qui, en cherchant par tous les moyens à tailler dans ses dépenses, s'est désengagé cette année de l'APCE, agence créée en 1979 et qui assure une mission d'aide à la création, à la transmission et au développement des entreprises. Et a donc décidé de lui couper les vivres en 2014 alors que sa subvention s'élevait à 3,95 millions sur un budget de… 6, il y a un an. L'agence a certes des ressources propres, grâce aux formations qu'elle dispense ou à la publicité, mais insuffisantes pour assurer son fonctionnement.

«L'APCE a aujourd'hui un problème de trésorerie à court terme que nous sommes en train de résoudre, mais elle n'a pas de problème de financement à long terme, tente de déminer le cabinet d'Arnaud Montebourg, le ministre de l'Économie. Le tour de table va être bouclé et la philosophie de l'agence ne sera pas remise en cause.» En tout cas, la grogne monte du côté des entrepreneurs, très attachés à l'agence. «L'APCE va disparaître dans l'indifférence générale», s'insurge la Fédération des autoentrepreneurs, qui a lancé une pétition de soutien sur son site (change.org).
Fort de 11 millions de visiteurs uniques par an - autant que celui du ministère de la Défense -, le site Internet de l'APCE est une mine unique d'informations précieuses. «Tout monde y est passé ou y passera. C'est une source de renseignement unique sur les statuts, les taux, les barèmes…, résume Grégoire Leclercq, le président de la Fédération des autoentrepreneurs. Mais à quelques jours de la cessation de paiement, on ne sait toujours pas si Bercy va lui accorder les 3 petits millions manquants.»

Le Medef pas intéressé

Même critique du côté du Medef. «Le gouvernement a été léger. Alors que le sujet est sur la table depuis plusieurs mois, il va être réglé dans l'urgence, s'insurge Thibault Lanxade, en charge du pôle entrepreneuriat. La question de savoir si le Medef doit participer est sur la table mais nous n'y sommes pas pour le moment favorables. L'État doit apporter sa garantie de financement, faire en sorte que la structure soit maintenue au moins en 2014, pour permettre de projeter une organisation à venir.» Au final, faut-il garder l'APCE? Dans son rapport de février 2013 sur les dispositifs de soutien à la création d'entreprises, la Cour des comptes l'avait épinglée, soulignant le «mille-feuille illisible» de ses aides et son manque de stratégie d'ensemble. Chargé à l'automne par Fleur Pellerin, alors ministre des PME, de réfléchir à sa modernisation, l'entrepreneur Dominique Restino (patron du mouvement patronal Moovjee et vice-président de la CCI Île-de-France), en collaboration avec Thierry Bert, de l'inspection générale des Finances, était catégorique: l'APCE est indispensable. «La France a besoin de cette agence. Il faut absolument que ce pays ait une grande agence répondant aux besoins des entrepreneurs», jure-t-il aujourd'hui, proposant au passage quelques pistes de «reformatage» pour accroître les ressources propres et améliorer la gouvernance de l'APCE. «Si chacun prend ses responsabilités, elle peut rebondir et être au cœur du système entrepreneurial français», conclut-il. En effet, si…

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