L'ancien ministre délégué au Budget revient sur le scandale provoqué par son compte en Suisse dans les colonnes de "Vanity Fair". Il affirme avoir voulu s'en débarrasser à plusieurs reprises.
Après plusieurs mois de silence, Jérôme Cahuzac tient à s'expliquer. Dans une interview à paraître mercredi dans « Vanity Fair » , l'ancien ministre du Budget débarqué du gouvernement avec grand fracas après la découverte de son compte caché en Suisse, revient sur la dénommée « affaire Cahuzac » . Il estime avoir commis une « énorme connerie » en ouvrant son compte en Suisse, mais pour lui, la vraie « erreur » de sa vie a été d'accepter, dans ces conditions, d'entrer au gouvernement.
Dans cet entretien,
l'ex-ministre revient notamment sur les raisons qui l'ont poussé à
ouvrir un compte bancaire non déclaré lorsqu'il s'est lancé, au début
des années 1990, dans les implants capillaires tout en menant des
missions de consultant pour des laboratoires pharmaceutiques. « Très
vite, j'ai gagné bien plus qu'auparavant. Je ne savais pas quoi faire
de cet argent (...) Je me suis dit qu'avec un compte en Suisse je serais
tranquille. J'ai été complètement inconscient », raconte-t-il. « C'était une énorme connerie. »
Mais Jérôme Cahuzac n'y voit pas le tournant de sa vie. Et il assure avoir « tenté », « à cinq ou six reprises », de se « débarrasser » du compte, butant à chaque fois sur le « même obstacle: la rupture de l'anonymat ». Finalement, lorsqu'il transfère les fonds à Singapour en 2009, ce n'est pas « pour protéger l'argent mais pour que rien ne se sache jamais », insiste-t-il.
« Je fous ma vie en l'air »
Le vrai tournant, aux yeux de Jérôme Cahuzac, c'est donc lorsqu'il accepte en mai 2012 de devenir ministre délégué au Budget. « C'est à ce moment-là que je fous ma vie en l'air. J'aurais dû répondre non ». « C'est l'erreur de ma vie », estime encore l'ex-ministre.
Les
mois de sa chute politique, depuis les révélations du site
d'information Mediapart sur l'existence du compte, le 4 décembre 2012,
ses dénégations aussi immédiates que catégoriques, jusqu'à sa démission
après l'ouverture d'une information judiciaire le 19 mars 2013 puis ses
aveux du 2 avril, Jérôme Cahuzac les décrit comme un calvaire. Mais il
ne dissimule pas un sentiment d'injustice. « J'ai construit ma vie politique de façon scrupuleusement honnête », avance-t-il, « je ne peux pas accepter de laisser tout détruire à cause d'une imbécillité qui date d'il y a vingt ans... »
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