Les partenaires sociaux ont finalisé mardi soir la rédaction de la nouvelle convention Unédic. Le gouvernement va l’agréer en dépit de la colère des intermittents. La plupart des nouvelles règles s’appliqueront dès le 1 er juillet. Mais les droits rechargeables et la réforme de l’activité réduite n’entreront en vigueur qu’en octobre, le temps de former les agents de Pôle emploi.
Cette fois-ci, la négociation des nouvelles règles d’assurance-chômage est définitivement close. Un mois et demi après l’accord signé le 23 mars
par la CFDT, FO, la CFTC et le patronat (Medef, CGPME, UPA), les
partenaires sociaux ont achevé mardi soir la rédaction de la future
convention Unédic, traduction réglementaire de l’accord. Le texte a été
transmis au ministère du Travail, qui doit l’agréer, ultime étape du
processus.
Les nouvelles règles
entreront en vigueur en deux temps. Une première batterie d’évolution
(intermittents, différé d’indemnisation pour les salariés ayant quitté
leur entreprise avec des indemnités supra-légales de licenciement,
mesures seniors, nouveau calcul des allocations) entrera en vigueur le
1er juillet comme prévu. Mais les deux pans majeurs de la réforme, la création de droits rechargeables
et la refonte du dispositif d’activités réduites permettant de cumuler
allocations et revenus du travail, n’entreront finalement en vigueur
que le 1er octobre. Ce délai est nécessaire pour laisser le temps à Pôle
emploi de former ses agents à ces nouvelles règles.
Un petit geste en direction des intermittents
Il
n’y aura pas de rebondissement de dernière minute : en dépit de la
grogne persistante de la CGT et surtout des intermittents du spectacle,
vent debout contre la refonte d’une partie de leur régime spécifique,
l’entourage du ministre du Travail, François Rebsamen, confirme que le
texte sera bien agréé en l’état. « Si des choses sont exclues du texte, ce sera seulement pour des raisons légales », indique le ministère, manière polie de réaffirmer sa fermeté et sa volonté de clore désormais au plus vite ce dossier.
L’écriture
de la convention a pourtant donné lieu à un petit geste en direction
des intermittents. Mi-avril, face aux récriminations du terrain et sous
la pression de la ministre de la Culture, Aurélie Filippetti, les signataires de l’accord ont réaménagé la refonte initialement prévue du « différé d’indemnisation »,
durant lequel les intermittents devront attendre avant de percevoir
leurs allocations. La formule de calcul a ainsi été revue afin d’être
moins pénalisante pour les bas revenus. Mais, en contrepartie et pour
maintenir un niveau d’économies futures similaires, cela s’est fait en
durcissant encore plus le ton envers les intermittents à hauts revenus.
Cet aménagement était attendu par les intermittents mais est loin, à lui seul, de calmer leur grogne. « Le texte reste très pénalisant », martèlent la CGT et les associations d’intermittents. «
Les allocations vont baisser de 10% en moyenne en tapant sur les plus
nombreux, c’est-à-dire les petits et les moyens salaires »,
souligne Denis Gravouil, leader de la CGT Spectacle. Mercredi
après-midi, quelques 300 intermittents ont défilé, à Paris, du ministère
du Travail au siège du Medef tandis que dans la soirée, d’autres ont
interrompu le direct de i-Télé durant la cérémonie d’ouverture du
Festival de Cannes. D’autres actions sont à l’étude durant le festival
et lors de la cérémonie des Molière, le 2 juin. On reste loin du degré
de mobilisation connu lors de la réforme de 2004, qui avait conduit à
l’annulation du Festival d’Avignon, mais le gouvernement garde un œil
attentif sur l’évolution du mouvement.
Aménagement pour les ex-apprentis
Pour
le reste, la convention traduit fidèlement l’accord négocié le 23 mars,
avec toutefois un aménagement notable sur le volet droits rechargeables
pour les ex-apprentis et les ex-contrats de professionnalisation. Le
futur dispositif de « droits rechargeables », qui a vocation a inciter à
la reprise d’emplois, même courts ou moins payés qu’espérés, prévoit en
effet qu'un chômeur, avant de bénéficier des droits à allocations liés à
son dernier emploi, doit d’abord écouler les droits qui lui restaient
éventuellement (le reliquat) d’une précédente période de travail.
Mais
ce dispositif pénalise les ex-apprentis et contrats de
professionnalisation, qui cotisent durant ces périodes d’alternance, qui
peuvent durer jusqu’à 3 ans, à l’assurance-chômage mais sur la base des
faibles rémunérations alors perçues. Résultat, un ex-apprenti qui
trouverait ensuite un CDD de 6 mois à bon salaire puis pointerait au
chômage devrait alors écluser sa longue période de droits avec de
faibles allocations (droits acquis en apprentissage) avant de toucher
l’allocation plus élevée issue de son CDD.
Pour
ne pas pénaliser les futurs jeunes concernés, sans pour autant
entraîner de surcoût pour l’Unédic, syndicats et patronat ont mis en
place pour ces publics un droit d’option : ils pourront, lors de leur
inscription à Pôle emploi, choisir entre toucher les droits acquis lors
de leur période d’alternance, ou ceux acquis lors de période de
travail ; en revanche, le capital de droits auquel ils renonceront sera
définitivement perdu.
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