Le "tourisme social" banni dans l'Union européenne ?
La Cour de justice de l'UE a donné raison à l'Allemagne qui avait
refusé une prestation sociale à une Roumaine. Une victoire pour les
opposants au "tourisme social".
L'affaire
Cette conclusion répond à l'interrogation du tribunal social
de Leipzig, dans l'ex-RDA, qui avait été saisi par une ressortissante
roumaine, madame Dano. Cette dernière, vivant avec son fils à Leipzig
chez une sœur, avait demandé à bénéficié de l'allocation pour les
chômeurs de longue durée (appelée « Hartz IV » en Allemagne). Cette
allocation est l'équivalent allemand du RSA, mais il est soumis à des
obligations de reprise d'emploi, même de façon précaire (travaux à 1
euro de l'heure, minijobs). Cette prestation pour une femme seule et son
fils peut s'élever à 650 euros par mois, auxquels il faut ajouter le
loyer et les frais de chauffage qui sont pris en compte (dans certaines
limites) par la municipalité.
Règle générale
L'agence pour l'emploi de Leipzig avait refusé à madame Dano
cette prestation. Madame Dano avait porté l'affaire devant le tribunal
social de Lepizig, lequel a demandé l'avis de la CJUE. Cette dernière
rappelle la règle générale dans l'UE : pendant trois mois, les
ressortissants de l'UE peuvent s'installer dans un pays de l'Union avec
leur famille en demandant les aides sociales qu'elles touchaient dans
leur pays d'origine. Si ces aides « ne deviennent pas une charge
déraisonnable pour le système d'assurance du pays membre d'accueil. »
Au-delà, il faut pourvoir à ses besoins par ses propres moyens et
« disposer de ressources suffisantes » pour rester dans le pays.
Eviter le « tourisme social »
L'avocat général de la CJUE a validé le critère retenu par
l'agence pour l'emploi de Leipzig pour refuser tout versement à madame
Dano : une arrivée sur le territoire allemand uniquement motivée par la
recherche d'un emploi ou d'une prestation sociale. Selon lui, ce critère
prouve « l'absence de lien réel avec le territoire de l'Etat membre d'accueil ainsi que le défaut d'intégration dans celui-ci. » Ce critère permet d'éviter le « tourisme social », et éviter de mettre en danger la viabilité économique du système conclut l'avocat général.
L'arrêt doit confirmer la conclusion
Cette conclusion n'est pas encore un arrêt de la Cour. Si
celle-ci la suit, elle aura un caractère liant pour les autres
juridictions européennes saisies du même problème dans l'UE. Elle serait
alors une victoire pour tous ceux qui brandissent la menace du
« tourisme social » au sein de l'Union. Une menace qui était brandie par
une partie des conservateurs allemands et britanniques.
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