Les assureurs sont investis à 58 % en entreprises françaises ou internationales.
Orienter
l’épargne des Français vers les entreprises reste un exercice
difficile. Les assureurs sont investis à 58 % en entreprises françaises
ou internationales. - Shutterstock
Beaucoup
de bruit pour rien ? La semaine dernière, Arnaud Montebourg, le nouveau
ministre de l’Economie et du Redresssement productif, avait brièvement
jeté le trouble en affirmant qu’il serait possible « d’augmenter le
degré de contrainte sur les compagnies d’assurance pour qu’elles
décident d’investir dans des proportions plus importantes dans les
grandes entreprises de notre pays ». Une déclaration fracassante,
même si le discours s’est depuis nettement infléchi. Il faut dire que
dans les faits, il n’est de toute façon pas possible au vu des
dispositions européennes de « flécher » leurs placements.
Des appétits aiguisés
Cette
sortie rappelle, en tout cas, que les quelque 2.000 milliards d’euros
de placements des assureurs ne laissent jamais les politiques
indifférents très longtemps. D’autant plus, aujourd’hui, que la collecte
de l’assurance-vie se porte à nouveau bien (voir-ci contre), ce qui
aiguise logiquement les appétits.
De
leur côté, les assureurs ne perdent jamais une occasion de rappeler
qu’ils financent déjà beaucoup les entreprises, alors même que les
règles prudentielles de Solvabilité II ne poussent pas à investir
massivement en actions. A la fin 2013, leurs placements étaient tournés à
58 % vers les actifs d’entreprises françaises ou étrangères (avec 18 %
directement ou indirectement investis en actions), selon les
statistiques de la Fédération française des sociétés d’assurances.
Cette
volonté d’investir dans des entreprises – à l’heure où les emprunts
d’Etat les plus sûrs ne rapportent plus grand chose – s’est par ailleurs
déjà traduite par la création d’un Fonds stratégique de participations
par quatre des principaux assureurs-vie français (CNP Assurances, BNP
Paribas Cardif, Sogécap et Crédit Agricole Assurances). Autre
initiative : la participation d’une vingtaine d’assureurs aux fonds Novo
devant financer des PME et des ETI à hauteur de 1 milliard d’euros.
Ce
dernier cas est d’ailleurs révélateur de l’imbrication étroite de la
réglementation d’un côté, et du comportement des assureurs, en tant
qu’investisseurs institutionnels, de l’autre. Novo a été conçu comme le
premier fonds de prêt à l’économie, permettant aux compagnies de placer
jusqu’à 5 % de leur bilan en obligations non cotées. Mais sa montée en
charge a pourtant été plus lente que prévu car les belles ETI visées
n’avaient pas vraiment de problèmes de financement.
Avec
les nouveaux produits d’assurance-vie, eurocroissance et
vie-génération, les assureurs disposeront d’outils supplémentaires
permettant d’investir davantage en actifs d’entreprises. Arnaud
Montebourg les a d’ailleurs incités à déployer rapidement ces produits,
dont on attend encore, cependant, pour l’été la parution des décrets
d’application,.Reste à voir quel sera l’appétit des clients assurés.
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