mardi 27 mai 2014

Orienter l’assurance-vie des Français reste une équation compliquée

Les assureurs sont investis à 58 % en entreprises françaises ou internationales.

Orienter l’épargne des Français vers les entreprises reste un exercice difficile. Les assureurs sont investis à 58 % en entreprises françaises ou internationales. - Shutterstock
Beaucoup de bruit pour rien ? La semaine dernière, Arnaud Montebourg, le nouveau ministre de l’Economie et du Redresssement productif, avait brièvement jeté le trouble en affirmant qu’il serait possible « d’augmenter le degré de contrainte sur les compagnies d’assurance pour qu’elles décident d’investir dans des proportions plus importantes dans les grandes entreprises de notre pays ». Une déclaration fracassante, même si le discours s’est depuis nettement infléchi. Il faut dire que dans les faits, il n’est de toute façon pas possible au vu des dispositions européennes de « flécher » leurs placements.

Des appétits aiguisés

Cette sortie rappelle, en tout cas, que les quelque 2.000 milliards d’euros de placements des assureurs ne laissent jamais les politiques indifférents très longtemps. D’autant plus, aujourd’hui, que la collecte de l’assurance-vie se porte à nouveau bien (voir-ci contre), ce qui aiguise logiquement les appétits.
De leur côté, les assureurs ne perdent jamais une occasion de rappeler qu’ils financent déjà beaucoup les entreprises, alors même que les règles prudentielles de Solvabilité II ne poussent pas à investir massivement en actions. A la fin 2013, leurs placements étaient tournés à 58 % vers les actifs d’entreprises françaises ou étrangères (avec 18 % directement ou indirectement investis en actions), selon les statistiques de la Fédération française des sociétés d’assurances.
Cette volonté d’investir dans des entreprises – à l’heure où les emprunts d’Etat les plus sûrs ne rapportent plus grand chose – s’est par ailleurs déjà traduite par la création d’un Fonds stratégique de participations par quatre des principaux assureurs-vie français (CNP Assurances, BNP Paribas Cardif, Sogécap et Crédit Agricole Assurances). Autre initiative : la participation d’une vingtaine d’assureurs aux fonds Novo devant financer des PME et des ETI à hauteur de 1 milliard d’euros.
Ce dernier cas est d’ailleurs révélateur de l’imbrication étroite de la réglementation d’un côté, et du comportement des assureurs, en tant qu’investisseurs institutionnels, de l’autre. Novo a été conçu comme le premier fonds de prêt à l’économie, permettant aux compagnies de placer jusqu’à 5 % de leur bilan en obligations non cotées. Mais sa montée en charge a pourtant été plus lente que prévu car les belles ETI visées n’avaient pas vraiment de problèmes de financement.
Avec les nouveaux produits d’assurance-vie, eurocroissance et vie-génération, les assureurs disposeront d’outils supplémentaires permettant d’investir davantage en actifs d’entreprises. Arnaud Montebourg les a d’ailleurs incités à déployer rapidement ces produits, dont on attend encore, cependant, pour l’été la parution des décrets d’application,.Reste à voir quel sera l’appétit des clients assurés.
Edouard Lederer et L. T.

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