Blog personnel d'informations, d'échanges, de billets d'humeur...
N'hésitez pas à laisser un commentaire ou suggérer un site, un article...
jeudi 22 mai 2014
L'affaire des TER trop larges en neuf questions
Depuis la révélation d'une
commande de 341 wagons trop larges pour entrer dans certaines gares
françaises, la SNCF et RFF sont sous le feu des critiques. Comment en
est-on arrivé là ? Le Figaro revient sur le couac des trains régionaux.
Comment l'affaire a-t-elle éclaté au grand jour? Dans son édition du 21 mai, Le Canard enchaîné raconte que dans le cadre d'un vaste plan de renouvellement, la SNCF a commandé en 2009 des nouvelles rames de TER
à Alstom et Bombardier. Problème: les 341 wagons sont trop larges pour
entrer dans certaines gares françaises. Par conséquent, l'hebdomadaire
satirique annonce que 1200 quais seraient à raboter (1300 en réalité,
ndlr). L'affaire est lancée. Que s'est-il passé? Le Canard enchaîné détaille
un circuit de commandes sophistiqué. La SNCF a organisé l'appel
d'offres en rédigeant notamment le cahier des charges. Pour définir la
dimension souhaitée des rames, la société s'est appuyée sur des mesures
des écarts entre les wagons et les quais effectuées par RFF,
d'environ dix centimètres de chaque côté. Les avancées technologiques
ayant permis de réduire cet écart à un centimètre, la SNCF a offert la
possibilité aux constructeurs d'élargir les rames d'une vingtaine de
centimètres, afin de «répondre à l'augmentation de 40% du nombre de
voyageurs des TER», selon un communiqué. Sans vérifier que ce cas de
figure était valable dans toutes les gares de France. Ce qui n'est pas
le cas, car beaucoup de quais sont très anciens et l'écartement entre
deux quais ou entre le quai et la voie n'est pas identique dans toutes
les gares. Ni Réseau Ferré de France ni la SNCF n'a souhaité confirmer
cette version. À la demande du secrétaire d'Etat chargé des Transports Frédéric Cuvillier,
un rapport sera remis le 26 mai pour faire la lumière sur cette
affaire, annonce le communiqué de la SNCF, qui ajoute: «cette enquête
devra déterminer à quel moment il est apparu que les quais devaient être
adaptés pour permettre les circulations de ces nouveaux trains, comment
les experts ont décelé cette nécessité, comment les décisions ont été
prises et enfin comment les régions en ont été informées». Quand RFF s'est-il rendu compte du problème? À l'occasion d'essais réalisés en 2011, Réseau Ferré de France dit s'être aperçu de la nécessité d'effectuer des travaux sur 1300 quais,
«pour les adapter à l'évolution du matériel roulant». Le gestionnaire
du réseau dément toute bourde. Tout juste concède-t-il «avoir découvert
le problème un peu tardivement». Qui est responsable? Pour
le président de Réseau Ferré de France Jacques Rapoport cité par l'AFP,
la responsabilité de cette situation relève «des deux parties
ensemble». «Nous sommes solidaires et nous travaillons pour que les
choses s'améliorent». Qui va payer? Selon
RFF, le coût des travaux (50 millions d'euros) est intégralement pris
en charge par le réseau, dans le cadre de l'investissement annuel
programmé qui est de 4 milliards d'euros. Les régions, dont les représentants n'ont cessé de déclarer depuis mardi soir qu'elles ne paieraient pas la note,
seront épargnées. C'est ce qu'a confirmé à l'AFP le président de
l'association des régions Alain Rousset: «je viens de recevoir un
message du président de RFF, Jacques Rapoport, qui me confirme que c'est
RFF qui prend sur ses ressources propres, et non sur ses conventions
avec les régions, le financement du rabotage des quais». Les régions ou la SNCF ont-ils été approchés pour participer aux frais? Jointe par Le Figaro,
la SNCF a démenti avoir été approchée pour prendre en charge une partie
des frais de rabotage des quais. Les régions non plus, mais constatant
ces dernières semaines une certaine ambiguïté de la part de RFF, elles
ont été rassurées de prendre connaissance de la déclaration de Jacques
Rapoport selon une source du conseil régional des Midi-Pyrénées. Quelles ont été les réactions de la classe politique? Dans
l'exécutif, les réactions n'ont pas tardé à tomber. Cette affaire est
«la démonstration de ce que le système ferroviaire est rocambolesque,
ubuesque», a asséné dès mardi soir le secrétaire d'Etat en charge des
Transports Frédéric Cuvillier. Le son de cloche est unanime dans les
rangs de la majorité. «Les responsables de cette décision paieront» a déclaré Ségolène Royal, pendant que le premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis s'en prenait directement aux dirigeants des deux entreprises. Guillaume Pépy, le président de la SNCF, «doit démissionner» a ajouté la rapporteure générale du Budget à l'Assemblée Valérie Rabault. Une déclaration que Guillaume Pépy a refusé de commenter. Dans
l'opposition aussi, on tire à boulets rouges sur les deux entreprises.
«Kafkaïenne» selon Jean-François Copé, cette affaire qui est «d'abord de
la responsabilité de la SNCF et de Réseau Ferré de France» selon le
président de l'UMP a également fait réagir l'ancien
ministre des Transports Dominique Bussereau, qui a déclaré sur LCI
tabler sur un coût total de travaux d'environ 300 millions d'euros. Les voyageurs seront-ils impactés d'une quelconque manière? «Il
n'y aura aucun impact, et je m'en porte totalement garant, aucun impact
sur le prix du billet», a affirmé Jacques Rapoport, président de RFF,
sur Europe 1. «Ça n'aura aucun impact ni sur les voyageurs, ni sur les
prix du billet, ni sur les contribuables», a-t-il insisté. Projet de réforme ferroviaire: de quoi s'agit-il? Souhaitée
à la fois par la majorité et l'opposition, la réforme ferroviaire est
qualifiée de très urgente par les présidents de la SNCF et RFF qui
estiment dans un communiqué que «ce défaut d'anticipation, qui reste
sans conséquence ni sur la date de mise en service des nouveaux
matériels, ni sur leur financement par les conseils régionaux, ni sur
les tarifs pour les voyageurs, est néanmoins significatif des
dysfonctionnements dus à la séparation, depuis dix-sept ans, des deux
Etablissements publics», une manière de réaffirmer leur soutien au
projet de loi de Frédéric Cuvillier, «dans lequel SNCF et RFF
travailleront non plus face à face, mais enfin côte à côte». Vivement
combattu par les syndicats, ce projet prévoit selon l'AFP la création
d'un établissement public à caractère industriel et commercial (Epic)
nommé «SNCF» et de deux Epic, «SNCF Réseau», le gestionnaire
d'infrastructure - l'actuel RFF - et «SNCF Mobilités», qui exploitera
les trains. L'établissement mère sera dirigé par un directoire composé
des présidents de SNCF réseau et SNCF Mobilités, nommés par l'Etat.
Trois organisations syndicales de la compagnie ferroviaire ont appelé à la grève à partir de ce mercredi 19 heures pour s'opposer au projet.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire