Sanofi dispose à Tours d'un laboratoire
dédié exclusivement à la détection de médicaments contrefaits.
À l'œil nu, les deux boîtes d'antibiotiques sont
parfaitement identiques : même taille, même intitulé en cursives rose
foncé, même date de péremption en léger biais sur la tranche. Seule
l'exposition à une forte loupe et à des rayons infrarouges permettra à
la technicienne de mettre en évidence des différences sur l'écran de son
ordinateur : une police de caractère plus épatée, des encres d'origine
différente. L'analyse chimique du contenant confirmera la fraude,
signalée à Sanofi par des contacts en République démocratique du Congo.
«Les contrefacteurs ont fait d'énormes progrès ces dernières années pour copier les emballages. Il est de plus difficile de repérer les faux à ce stade », signale Nathalie Tallet, responsable du Laboratoire central d'analyse des contrefaçons (LCAC) de Sanofi, à Tours.
«On y trouve de tout : poussière, ciment, farine, sucre, lactose, mais aussi antigel ou peinture - surtout dans les copies de Viagra, pour reproduire la teinte bleue », énumère Nathalie Tallet. L'objectif est avant tout d'atteindre une apparence la plus proche possible de l'original. S'il arrive - rarement - que le médicament contienne le principe actif, les dosages sont très largement incorrects.
«Le danger des médicaments falsifiés est double. D'abord, le patient ne reçoit pas la bonne quantité de substance active, voire n'en reçoit aucune, mais il continue de penser qu'il se soigne. Imaginez les conséquences quand c'est un traitement pour une maladie cardio-vasculaire ou un cancer ! Par ailleurs, le médicament peut contenir des substances toxiques », explique le Dr Caroline Atlani, directrice anticontrefaçon chez Sanofi. En 2009, au Nigeria, un sirop contre la toux contenant de l'antigel a ainsi tué 84 personnes.
Les industriels ont longtemps pensé que la contrefaçon se limitait à des médicaments populaires, type aspirine ou Viagra (le plus copié au monde), avant de réaliser que tous les produits sont concernés. Aux États-Unis, en 2012, 19 cabinets médicaux ont ainsi utilisé ce qu'ils pensaient être de l'Avastin, utilisé contre le cancer colorectal, alors que le produit ne contenait aucun principe actif. Dans les pays en développement, les traitements les plus contrefaits sont ceux dédiés au paludisme, à la tuberculose et au sida. Les génériques ne sont pas épargnés.
Un marché de grande ampleur, donc, et très juteux. Le World Economic Forum l'évalue à 200 milliards de dollars, l'Institut de recherche contre les médicaments contrefaits, à 75 milliards. Au point d'attirer les groupes de criminalité organisée, selon les experts.
«Comme toute économie souterraine, l'ampleur du phénomène est difficile à évaluer, explique au Figaro Philippe Lamoureux, directeur général du Leem, qui regroupe les entreprises du médicament en France. Mais Internet a clairement servi d'accélérateur ». Sur la Toile, un médicament en vente sur deux serait faux.
En France, où le système de distribution du médicament est très sécurisé, «le Web est la seule voie d'entrée des médicaments falsifiés », poursuit Philippe Lamoureux.
Parallèlement, des initiatives internationales se multiplient. Au sein du Conseil de l'Europe, 23 pays ont signé la convention Médicrime, qui fixe des sanctions pénales pour les contrefacteurs de médicaments. En France, la ratification est en cours.
«Les contrefacteurs ont fait d'énormes progrès ces dernières années pour copier les emballages. Il est de plus difficile de repérer les faux à ce stade », signale Nathalie Tallet, responsable du Laboratoire central d'analyse des contrefaçons (LCAC) de Sanofi, à Tours.
Poussière, antigel, peinture
Ce travail de fourmi, sorte de jeu des sept erreurs pour industriels pharmaceutiques, mobilise 13 personnes à temps plein dans une infrastructure de pointe unique en France. Depuis 2008, le leader national de l'industrie pharmaceutique consacre 600 m² à l'analyse des milliers d'échantillons transmis par les douanes, la police, les autorités de santé ou même des patients. En 2013, sur 4 500 tests, 220 produits se sont révélés être faux.«On y trouve de tout : poussière, ciment, farine, sucre, lactose, mais aussi antigel ou peinture - surtout dans les copies de Viagra, pour reproduire la teinte bleue », énumère Nathalie Tallet. L'objectif est avant tout d'atteindre une apparence la plus proche possible de l'original. S'il arrive - rarement - que le médicament contienne le principe actif, les dosages sont très largement incorrects.
«Le danger des médicaments falsifiés est double. D'abord, le patient ne reçoit pas la bonne quantité de substance active, voire n'en reçoit aucune, mais il continue de penser qu'il se soigne. Imaginez les conséquences quand c'est un traitement pour une maladie cardio-vasculaire ou un cancer ! Par ailleurs, le médicament peut contenir des substances toxiques », explique le Dr Caroline Atlani, directrice anticontrefaçon chez Sanofi. En 2009, au Nigeria, un sirop contre la toux contenant de l'antigel a ainsi tué 84 personnes.
Les industriels ont longtemps pensé que la contrefaçon se limitait à des médicaments populaires, type aspirine ou Viagra (le plus copié au monde), avant de réaliser que tous les produits sont concernés. Aux États-Unis, en 2012, 19 cabinets médicaux ont ainsi utilisé ce qu'ils pensaient être de l'Avastin, utilisé contre le cancer colorectal, alors que le produit ne contenait aucun principe actif. Dans les pays en développement, les traitements les plus contrefaits sont ceux dédiés au paludisme, à la tuberculose et au sida. Les génériques ne sont pas épargnés.
L'accélérateur Internet
Selon l'Organisation mondiale de la santé, 30 % des médicaments sont concernés dans certains pays d'Afrique ou d'Asie du Sud-Est, et jusqu'à 60 % au Nigeria ou en Guinée. Dans ces régions du monde, même les pharmacies officielles peuvent être touchées.Un marché de grande ampleur, donc, et très juteux. Le World Economic Forum l'évalue à 200 milliards de dollars, l'Institut de recherche contre les médicaments contrefaits, à 75 milliards. Au point d'attirer les groupes de criminalité organisée, selon les experts.
«Comme toute économie souterraine, l'ampleur du phénomène est difficile à évaluer, explique au Figaro Philippe Lamoureux, directeur général du Leem, qui regroupe les entreprises du médicament en France. Mais Internet a clairement servi d'accélérateur ». Sur la Toile, un médicament en vente sur deux serait faux.
En France, où le système de distribution du médicament est très sécurisé, «le Web est la seule voie d'entrée des médicaments falsifiés », poursuit Philippe Lamoureux.
Parallèlement, des initiatives internationales se multiplient. Au sein du Conseil de l'Europe, 23 pays ont signé la convention Médicrime, qui fixe des sanctions pénales pour les contrefacteurs de médicaments. En France, la ratification est en cours.
Par
Pauline Fréour
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire