Il fait toujours bon travailler dans les banques. Près de la totalité (99%) des 367.000 salariés du secteur bancaire français sont en contrat à durée déterminée, et ce Saint Graal qu'est le CDI a encore été accordé à 60% des personnes embauchées par les banques en 2013, contre 20% seulement en moyenne dans les autres secteurs d'activité, d'après les chiffres publiés le 21 mai par l'Association française des banques (AFB).
Des banques qui, en outre, consacrent chaque année 4% de
leur masse salariale à la formation de leurs collaborateurs, contre une
moyenne de 2,8% en France. Des banques, enfin, qui sont bonnes élèves en
matière de parité, les femmes représentant 45% de leurs cadres, alors
que la moyenne nationale (tous secteurs d'activité confondus) n'excède
pas 37%.
Et, "alors que nous pensions que le cycle de réglementations post-crise était achevé, nous découvrons depuis quelques mois de nouveaux projets qui nous inquiètent assez fortement", indique Marie-Anne Barbat-Layani. Comme le débat actuellement en cours en Europe sur le ratio de levier (montant des fonds propres exigé en regard des engagements des banques non pondérés des risques), que certains gouvernements, comme celui des Pays-Bas, voudraient porter à 4%, au lieu des 3% que la réglementation de Bâle III exigera à partir de 2018.
Une importante vague de départs en retraite en 2013
Le hic, c'est que de moins en moins de
personnes devraient avoir l'opportunité de travailler dans le secteur
bancaire, au cours des prochaines années. De fait, les effectifs des
banques françaises ont de nouveau diminué en 2013, pour la deuxième
année consécutive, et dans la même proportion qu'en 2012 (-1,6%).
Il faut dire que près de 30.000 personnes, soit 8% de l'effectif total
du secteur, ont quitté les rangs des banques, l'an dernier.
Et ce, en raison d'une importante vague de
départs en retraite, liés à l'entrée en vigueur, le 1er novembre 2012,
du décret élargissant les possibilités de retraite anticipée pour les
carrières longues. "Dans les années 1960 et 1970, les banques avaient embauché beaucoup de personnes très jeunes et faiblement qualifiées", rappelle Jean-Claude Guéry, directeur des affaires sociales de l'AFB.
24.000 embauches en 2013, au lieu du contingent annuel de 30.000
Parallèlement, le secteur bancaire n'a embauché "que" 24.000 personnes, en 2013. Un nombre qui reflète certes un rebond de 14,3% des recrutements, après leur chute de 30% en 2012, mais qui demeure bien éloigné du contingent de 30.000 embauches annuelles en vigueur dans le secteur bancaire avant 2012. De plus, pour Jean-Claude Guéry, ce rebond correspond essentiellement à un rattrapage des recrutements dans les fonctions support, "que les banques avaient fortement limités en 2012, notamment dans les domaines du juridique et de la conformité, en raison des incertitudes liées à l'évolution de la réglementation du secteur."
"Nous ne sommes plus recruteurs nets depuis deux ans",
regrette Marie-Anne Barbat-Layani, directrice générale de l'AFB et de
la Fédération bancaire française (FBF). Une situation qui devrait se
poursuivre, en raison, notamment, de l'engouement croissant des Français pour les services bancaires sur Internet,
qui conduit 47% d'entre eux à se rendre moins fréquemment dans une
agence bancaire, d'après une enquête réalisée par l'institut Ifop en mai
2013.
"Les emplois impliquant un contact physique, direct, avec la clientèle, commencent à fléchir. Nous le voyons particulièrement dans les métiers les moins qualifiés, comme ceux de chargé d'accueil et de conseiller pour la clientèle des particuliers",confirme Jean-Claude Guéry.
De nouveaux projets de réglementation à l'horizon
Autre facteur structurel susceptible d'affecter l'emploi dans les banques, "l'accumulation des réglementations" nées dans le sillage de la crise financière de 2008, des réglementations dont Marie-Anne Barbat-Layani "ne conteste pas le principe", mais qui ont tout de même conduit les banques françaises à renforcer leurs fonds propres à hauteur de 30 milliards d'euros, au cours des cinq dernières années, rappelle la directrice générale de l'AFB et de la FBF.Et, "alors que nous pensions que le cycle de réglementations post-crise était achevé, nous découvrons depuis quelques mois de nouveaux projets qui nous inquiètent assez fortement", indique Marie-Anne Barbat-Layani. Comme le débat actuellement en cours en Europe sur le ratio de levier (montant des fonds propres exigé en regard des engagements des banques non pondérés des risques), que certains gouvernements, comme celui des Pays-Bas, voudraient porter à 4%, au lieu des 3% que la réglementation de Bâle III exigera à partir de 2018.
La FBF demande la « mise en extinction » de la taxe sur les salaires
Or "passer de 3% à 4% nécessite pour une banque d'augmenter ses fonds propres de plusieurs dizaines de milliards d'euros",
s'alarme Marie-Anne Barbat-Layani. C'est dire si, au cours des
prochaines années, le secteur bancaire français risque d'avoir les
coudées moins franches encore pour investir dans l'emploi, entre autres.
Et ce, d'autant moins qu'au poids de la réglementation s'ajoute celui
de la fiscalité.
"Les résultats des banques françaises sont taxés à hauteur de 65%, c'est énorme",
s'agace Marie-Anne Barbat-Layani. Qui dénonce notamment la taxe sur les
salaires. Réservée aux sociétés non assujetties à la TVA, cette taxe a
coûté 1,8 milliard d'euros au secteur bancaire français, au titre de
2012, un montant qui devrait s'élever à 2 milliards pour 2013, selon
l'AFB et la FBF. Cette dernière réclame donc ni plus ni moins que la "mise en extinction" de la taxe sur les salaires.
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