EXCLUSIF - Pour McKinsey, plus de 1 million d’emplois pourraient être créés d'ici à 2018, à condition d’engager de nouvelles réformes. Les nouvelles technologies, la distribution et la construction sont les secteurs en pointe.

Selon
McKinsey, plusieurs secteurs d’activité sont en capacité de créer des
centaines de milliers d’emplois, sous réserve de mener certaines
réformes. - Shutterstock
Voilà
une étude qui va remettre au cœur du débat l’objectif avancé par le
Medef de créer 1 million d’emplois d’ici à cinq ans. Suite à la
polémique suscitée par Pierre Gattaz, le patronat avait indiqué qu’il
préciserait secteur par secteur comment y parvenir. Il avait alors
commencé d’échanger avec le cabinet de conseil McKinsey. Ce dernier a
élargi et approfondi les travaux et publie, mercredi, (indépendamment du
Medef) un rapport intitulé « Dynamiser le marché du travail en France
pour créer massivement des emplois », dont « Les Echos » ont obtenu
copie.
Avec une idée forte : le
niveau élevé de chômage n’est pas une fatalité et des gisements d’emploi
sont sous-exploités dans l’Hexagone. D’après les calculs de McKinsey,
qui s’est appuyé à la fois sur les travaux d’économistes, des entretiens
auprès de DRH de grands groupes, et des échanges avec les fédérations
professionnelles du Medef, plusieurs secteurs d’activité sont en
capacité de créer des centaines de milliers d’emplois, sous réserve de
mener certaines réformes.
Recherche, conseil et nouvelles technologies
Les
métiers de la recherche, du conseil et tous ceux qui sont liés aux
nouvelles technologies (le Big Data, l’Internet mobile, l’e-Learning...)
arrivent en tête du palmarès. Pas moins de 222.000 emplois pourraient y
voir le jour : 153.000 en création spontanée (c’est-à-dire sans aucune
réforme additionnelle, hors celles qui ont déjà été décidées via le pacte de responsabilité
), et 69.000 postes supplémentaires si certains leviers étaient
actionnés : assouplissement de la durée de travail des cadres,
renforcement du capital-développement pour les start-up, par exemple.
La
distribution, qui est le principal secteur pourvoyeur d’emplois en
France avec plus de 4,1 millions de salariés, fait aussi partie des
activités les plus prometteuses. 155.000 emplois pourraient y être créer
d’ici à 2018 selon le cabinet « à condition d’accroître la
flexibilité des horaires d’ouverture le dimanche et en soirée, et de
simplifier les règles d’urbanisme commercial. » Un chiffre auquel
il faut rajouter les créations « naturelles » d’emplois du secteur, qui
s’élèvent selon McKinsey à 60.000 postes. La construction fait aussi
partie des secteurs porteurs avec 200.000 postes à créer d’ici à cinq
ans, à condition de libérer du foncier et d’accélérer en matière de
rénovation thermique.
Moins d'emplois dans la finance et les assurances
Au
total, ce serait plus de 1 million d’emplois qui pourraient être créés
d’ici à 2018. Cette estimation tient compte des destructions d’emplois
qui interviendraient dans plusieurs domaines d’activité. En premier lieu
dans les services manufacturiers : 135.000 postes devraient disparaître
« sous l’effet des mutations de la demande et de la concurrence des pays à faibles coûts de production. » Quant à la finance et aux assurances,
« la digitalisation en cours devrait engendrer des gains de
productivité substantiels dans les agences aujourd’hui très intensives
en main-d’œuvre et peser sur les emplois du secteur, ce qui amènerait à
détruire 87.000 emplois à horizon 2018 », note le rapport.
Prises dans leur ensemble, « ces créations d’emplois toucheraient l’ensemble de la population, les employés qualifiés tout comme les moins qualifiés »,
affirme Eric Labaye, membre du comité de direction mondial de McKinsey.
Elles permettraient de ramener le taux de chômage de plus de 10 %
actuellement (DOM compris) à 8,9 %.
Le pari controversé du patron des patrons
La
promesse du président du Medef de créer 1 million d’emplois en cinq ans
avait suscité beaucoup de critiques, y compris au sein de
l’organisation patronale. A la fin de l’année dernière, quand ce pari
avait été lancé, Pierre Gattaz voulait surtout montrer la bonne volonté
des entreprises à se saisir du pacte de responsabilité proposé par le
chef de l’Etat, et notamment leur capacité à transformer les baisses de
charges promises par l’exécutif en créations d’emplois. Mais le patron
des patrons, qui arbore toujours un pin’s « 1 million d’emplois » à la
boutonnière, s’était bien gardé de le présenter comme une contrepartie
chiffrée à atteindre. Et avait conditionné l’objectif à la réalisation
de nouvelles réformes (marché du travail, etc.), au-delà du pacte de
responsabilité.
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