Le président du directoire de la SNCM, Marc Dufour, n'a pas été reconduit dans ses fonctions à la tête de la compagnie maritime en grande difficulté selon une source syndicale.
Cette décision devrait permettre à Transdev, co-entreprise entre la Caisse des dépôts et Veolia, qui détient 66% de la compagnie, de récupérer la gouvernance de l'entreprise qui lui avait été récemment refusée par la justice.
Selon la source syndicale, les six administrateurs de Transdev ont refusé la reconduction du directoire, dont le mandat expire à la fin du mois. Les quatre représentants des actionnaires salariés et le président du conseil de surveillance ont voté pour la prolongation de son mandat.
Les trois administrateurs de l'Etat se sont abstenus. Dans un communiqué, le secrétariat d'Etat aux Transports précise que cette abstention n'est "ni un vote de défiance ni d'indifférence à l'égard du directoire sortant", mais il souligne qu'"il était important de mettre un terme à la quasi-paralysie qui menaçait la société".
"Nous souhaitons permettre à la SNCM de se construire un avenir, qui ne soit ni la liquidation, ni la fuite en avant", a indiqué de son côté dans un communiqué le PDG de Transdev, Jean-Marc Janaillac. "Nous allons donc désormais pouvoir travailler sereinement dans l'intérêt de la compagnie, de ses salariés et de ses clients", assure-t-il.
Une nouvelle réunion du conseil de surveillance de la SNCM aura lieu le 28 mai.
La mairie de Marseille et la sénatrice (PS) Samia Ghali ont critiqué lundi soir le choix du conseil de surveillance de la SNCM de ne pas reconduire le directoire actuel et son président, craignant la disparition de la compagnie maritime.
"Cet acte signe la disparition de la SNCM et avec elle, la suppression de 4.000 emplois directs et indirects à Marseille", dit l'adjoint au maire délégué aux Finances UMP Roland Blum (UMP).
"Une fois de plus, le gouvernement a capitulé sous la pression de l'actionnaire majoritaire Transdev. Une fois de plus, il a montré son incapacité à gérer le dossier de la SNCM dont il a volontairement différé la résolution, pour des raisons bassement électoralistes", poursuit l'élu.
"Transdev propriétaire de la SNCM et filiale de la Caisse des Dépôts dont l'Etat est l'actionnaire de référence, a fait le choix incompréhensible de se séparer d'une équipe de direction qui se battait pour son entreprise", a réagi Samia Ghali. "La SNCM et ses 2.600 salariés mais aussi les collectivités qu'elle dessert, ne méritent pas d'être traités avec un tel cynisme. Cette décision précipite un dépôt de bilan que le gouvernement avait annoncé vouloir éviter", a-t-elle ajouté. Elle en a appelé "au président de la République, au Premier ministre, au ministre Frédéric Cuvillier pour que l'irréparable ne soit pas commis".
Le président sortant, Marc Dufour, s'est dit "inquiet sur l'avenir de la SNCM.
Pour les syndicats, qui apportaient leur soutien à son plan de redressement, cette éviction est le signe d'une volonté de "démantèlement" de la compagnie de la part de l'Etat.
"C'est un choix politique et économique du gouvernement pour faire place libre à Corsica Ferries (concurrent de la SNCM, ndlr)", a déclaré Frédéric Alpozzo, délégué CGT-Marins. Selon lui, le conseil de surveillance n'a "pas proposé de solution de financement pour les bateaux ni de mise en oeuvre du plan industriel à long terme". Or "l'Etat a toutes les clefs en main pour respecter ses engagements".
La CGT a demandé un rendez-vous avec le Premier ministre et le secrétaire d'Etat aux Transports "dans les heures qui suivent".
"Nous mettrons tous les moyens pour qu'il n'y ait aucun licencement, a-t-il ajouté, précisant que des "actions particulières seront décidées" en fonction de la réponse du gouvernement.
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