François Hollande supporte assez bien la pression. Quelle réponse a-t-il accordé à l'appel des députés socialistes frondeurs qui réclamait une politique économique plus équilibrée ?
Il décide de remplacer Emmanuel Macron, jusqu'ici secrétaire
général adjoint de l'Elysée en charge des questions macroéconomiques
par l'économiste Laurence Boone, passée par l'OCDE et Barclays, avant de
rejoindre Bank of America Merrill Lynch à Londres.
A moins d'une surprise, d'un changement de la matrice intellectuelle qui guide la réflexion de Laurence Boone, il faut interpréter ce changement de personnes de la façon suivante : l'Elysée a décidé d'accélérer le pas dans le domaine des "réformes structurelles".
Or, Laurence Boone est également partisane d'une accélération du calendrier dans le domaine des réformes structurelles, ne se privant de mettre en cause la politique menée depuis par le gouvernement. Le 15 janvier, quelques jours après la présentation de ce nouveau pacte, après avoir souligné la relative cohérence des mesures contenues dans le pacte de responsabilité, l'économiste regrettait leurs imprécisions globales. Dans un billet paru ce mardi dans l'Opinion, le quotidien ouvertement libéral dont elles est l'une des chroniqueuses régulières, Laurence Boone n'y va pas avec le dos de la cuillère :
Sur le rôle et le poids de l'Etat, l'économiste a également un point de vue très tranché. " La France reste ancrée sur ses solutions conservatrices avec un État économiquement imposant : l'État se substitue de plus en plus aux investisseurs privés. La stratégie de croissance est la même qu'au sortir de la seconde guerre mondiale : l'État doit investir massivement dans des secteurs industriels pour faire des champions nationaux. Mais si l'État n'a plus les moyens de ce types de stratégies qui reposent sur un endettement public important, non seulement la croissance mais aussi la redistribution seront en péril ", a-t-elle écrit dans une contribution pour le Cercle des économistes.
Une solidarité à laquelle l'Europe doit payer son écot selon elle, à condition, - toujours - que soient des réformes structurelles soient lancées. " La réconciliation des États européens avec une Europe de la croissance passe par une solution commune d'ajustement budgétaire social. Cette stratégie d'ajustement passe par le choix de préserver les politiques sociales qui sont porteuses de croissance. Elle est une troisième voie moderne au delà de la vision libérale d'un ajustement purement punitif et de la vision conservatrice européenne d'un État investisseur industriel ", explique-t-elle.
A moins d'une surprise, d'un changement de la matrice intellectuelle qui guide la réflexion de Laurence Boone, il faut interpréter ce changement de personnes de la façon suivante : l'Elysée a décidé d'accélérer le pas dans le domaine des "réformes structurelles".
Réformer, réformer, réformer
Accélérer ? C'est Emmanuel Macron et ses conseillers qui étaient à la manœuvre lors de l'élaboration de l'accord national interprofessionnel (ANI) qui a flexibilisé le marché du travail, du pacte de compétitivité lancé dans la foulée du rapport Gallois et du pacte de responsabilité annoncé le 31 décembre dernier par François Hollande.Or, Laurence Boone est également partisane d'une accélération du calendrier dans le domaine des réformes structurelles, ne se privant de mettre en cause la politique menée depuis par le gouvernement. Le 15 janvier, quelques jours après la présentation de ce nouveau pacte, après avoir souligné la relative cohérence des mesures contenues dans le pacte de responsabilité, l'économiste regrettait leurs imprécisions globales. Dans un billet paru ce mardi dans l'Opinion, le quotidien ouvertement libéral dont elles est l'une des chroniqueuses régulières, Laurence Boone n'y va pas avec le dos de la cuillère :
"Les choix de politique économique sont quasiment inexistants. La déclaration de politique générale de Manuel Valls l'annonçait : c'est un programme qui ne vise ni à soutenir la demande à court terme, ni à élever le potentiel de croissance de long terme. (...) Quant aux choix pour le long terme : ils sont absents du discours de politique économique, comme le reflète le plan d'économies du gouvernement. Les réductions de dépenses sont un nième coup de rabot synonyme de non choix : coup de rabot sur les dépenses, gel des points d'indice des fonctionnaires et gel des prestations. Jusqu'à quand ? (...) Sans changement de politique économique, sans présentation d'une stratégie économique crédible, parce que détaillée, argumentée, avec des objectifs chiffrés réalistes, la France dans trois ans, c'est 3 millions de chômeurs, 3-4% de déficit, une dette à 100% du PIB, des jeunes très diplômés qui continuent de s'installer à l'étranger..."En juillet 2013, commentant la politique économique mise en place par le Premier ministre japonais Shinzo Abe, mixant relance monétaire et relance budgétaire, Laurence Boone a également rappelé l'importance de ces réformes. " On peut faire redémarrer une économie avec des politique monétaires et budgétaires mais le redémarrage ne fait pas long feu si on ne fait pas de réformes structurelles ", citant notamment l'assouplissement du marché du travail et l'allongement du temps de travail…
Moins de transferts sociaux et plus de formation
Toujours dans l'Opinion, Laurence Boone s'est notamment prononcée en faveur d'un changement de paradigme pour lutter contre le chômage des jeunes et des moins qualifiés, plaidant pour moins de transferts sociaux et plus de formation.Sur le rôle et le poids de l'Etat, l'économiste a également un point de vue très tranché. " La France reste ancrée sur ses solutions conservatrices avec un État économiquement imposant : l'État se substitue de plus en plus aux investisseurs privés. La stratégie de croissance est la même qu'au sortir de la seconde guerre mondiale : l'État doit investir massivement dans des secteurs industriels pour faire des champions nationaux. Mais si l'État n'a plus les moyens de ce types de stratégies qui reposent sur un endettement public important, non seulement la croissance mais aussi la redistribution seront en péril ", a-t-elle écrit dans une contribution pour le Cercle des économistes.
Favorable à la taxe à 75%
Peut-on néanmoins la qualifier d'ultra-libérale ? Ce serait trop simple. Commentant la mise en place de la taxe à 75% sur les plus hauts revenus contenue dans le projet de loi de finances 2014, Laurence Boone n'a pas eu de mots assez durs pour les candidats à l'exil. " Taxer à 75% les revenus supérieurs à 1 million d'euros est un acte symbolique de solidarité et ne cherche en rien l'efficacité économique. Je regrette qu'un lobby qui défie ouvertement les hommes politiques en quittant la France fasse reculer les élus, au point de créer une nouvelle niche fiscale pour échapper à cette solidarité ", avait-elle déclaré dans une autre contribution pour le Cercle des économistes.Une solidarité à laquelle l'Europe doit payer son écot selon elle, à condition, - toujours - que soient des réformes structurelles soient lancées. " La réconciliation des États européens avec une Europe de la croissance passe par une solution commune d'ajustement budgétaire social. Cette stratégie d'ajustement passe par le choix de préserver les politiques sociales qui sont porteuses de croissance. Elle est une troisième voie moderne au delà de la vision libérale d'un ajustement purement punitif et de la vision conservatrice européenne d'un État investisseur industriel ", explique-t-elle.
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