jeudi 26 juin 2014

L'Assurance maladie a ses idées pour maîtriser les dépenses de santé

Limiter le recours aux IRM, diminuer la durée des séjours en maternité, mieux dépister le cancer du sein... L'Assurance maladie a des pistes pour améliorer la qualité des soins tout en réduisant les coûts. Elle les détaille dans un rapport qui doit être examiné jeudi par son conseil d'administration.
Revoir les pratiques et les mauvaises habitudes qui coûtent cher. Dans ce rapport que l'AFP a pu consulter, l'Assurance maladie pointe en particulier "la fréquence très élevée des actes d'IRM des membres inférieurs" qui "pose la question de la pertinence de leurs indications". L'utilisation de l'IRM pour l'exploration des lésions des membres est d'ailleurs "très supérieure" en France par rapport aux pays européens et nord-américains.

Les IRM pointés du doigt

Sur les 3,3 millions d'IRM réalisées en 2013, plus d'un million sont des IRM du membre inférieur. Pour 52% des bénéficiaires, elle n'a pas été précédée d'une radiographie, comme le recommande la HAS (Haute autorité de santé).
"On peut estimer, en première approche, qu'une réduction de 15% du nombre d'IRM des membres inférieurs pourrait être obtenue sans perte de chance pour les patients", estime l'Assurance maladie.

Des séjours à la maternité (trop) longs

Par ailleurs, il existe selon elle, "un potentiel de réduction significative de la durée moyenne de séjour et corrélativement du nombre de lits de maternité". La durée moyenne pour un séjour en maternité en France (4,2 jours) reste élevée par rapport aux autres pays.
Le programme PRADO lancé en 2010, qui permet aux mères de bénéficier d'un accompagnement à domicile à leur sortie, a été progressivement étendu et devrait bénéficier en 2014 à 210.000 femmes. "La mise en place de ce suivi organisé permet d'accompagner dans de bonnes conditions la réduction des durées de séjour".

2,3 milliards d'euros en 2012 contre le cancer du sein

Le rapport se penche également sur la prise en charge du cancer du sein, à l'origine de 12.000 décès par an. Ce cancer a représenté une dépense de 2,3 milliards en 2012 pour l'Assurance maladie, dont un peu plus de la moitié pour les soins hospitaliers.
Or, le taux de participation au dépistage est jugé "insuffisant" et les délais d'accès à la chirurgie trop importants: pourtant, "l'initiation des traitements au-delà de 30 jours a une incidence sur le taux de survie".
Par ailleurs, le potentiel de chirurgie ambulatoire (sans hébergement à l'hôpital) pour ce type de cancer est estimé à 50% à l'horizon 2020 (15% des femmes en ont bénéficié en 2012).

Miser sur la chirurgie ambulatoire

Plus généralement, l'Assurance maladie relève que le taux de chirurgie ambulatoire s'est accru de plus de 10 points en six ans, passant de 32.3% en 2007 à 42,7% en 2013.
"On peut estimer que sur les 5,4 millions de séjours de chirurgie, 10%, soit environ 540.000, pourraient basculer de l'hospitalisation complète à la chirurgie ambulatoire", souligne le rapport.
Dès lors, le taux de chirurgie ambulatoire pourrait atteindre 55% en 2017, selon l'Assurance maladie. Le ministère de la Santé souhaite réaliser un milliard d'économies - sur les 10 milliards prévus d'ici à 2017 pour les dépenses de santé - grâce à des séjours plus courts à l'hôpital.
Un deuxième rapport, plus financier, doit être examiné le 3 juillet par le conseil d'administration, pour aider le gouvernement à préparer le budget de la Sécu qui sera présenté à la rentrée.

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