Entre 80.000 et 100.000 fonctionnaires devraient passer du giron des départements à celui des régions.
Des deux nouveaux projets de loi sur
la réforme territoriale présentés en Conseil des ministres le 18 juin,
le plus difficile à gérer ne sera peut-être pas celui qu’on croit. Le
deuxième texte qui aura la lourde tâche d’établir la nouvelle « architecture territoriale »
voulue par le chef de l’Etat devrait susciter d’intenses débats. Il
détaillera les nouvelles compétences dévolues aux régions, et par
là-même organisera la « dévitalisation » progressive des départements, pour reprendre l’expression du secrétaire d’Etat chargée du dossier, André Vallini. « Nous
allons transférer les routes, les collèges, tous les transports vers
les régions. Les régions vont devenir le seul acteur public territorial
en matière de développement économique. Il y aura aussi des transferts
de compétences des départements vers les intercommunalités », a-t-il affirmé ce mardi.
Le transfert de la
gestion des collèges et des routes aux régions, réclamé par ces
dernières, n’est pas en soi une surprise et s’inscrit dans une certaine
continuité, celles-ci gérant déjà les lycées et les transports
ferroviaires. Il n’en reste pas moins complexe à organiser : les
régions, qui comptent aujourd’hui 80.000 agents, pourraient voir leurs
effectifs doubler. Les départements emploient en effet 45.000 personnels
dans les collèges et 35.000 dans les routes et les parcs.
« Le changement sera moins important qu’en 2004 : avec le
transfert des personnels TOS de l’éducation nationale, nous étions
passés du statut de collectivité « Etat-Major » à collectivité de
gestion, ce qui était un énorme bouleversement de notre modèle » veut croire un élu régional qui reconnaît pourtant que «cela posera de sérieux problèmes ». Qui vont du régime indemnitaire, en passant par la mobilité des agents, ou la culture syndicale. « Le
plus difficile à gérer sera sans doute le transfert des personnels des
routes, qui ont une culture et une organisation différente de celle en
vigueur des régions », explique-t-on dans les départements. Sans
compter que le transfert ne sera pas neutre financièrement : dans un
premier temps, il pourrait d’abord engendrer des surcoûts.
Davantage de fiscalité
Les
régions, qui voient du coup s’alourdir leur portefeuille de compétences
réclament aussi des moyens supplémentaires et notamment davantage de
fiscalité. Contrairement aux autres collectivités, elles sont
aujourd’hui largement tributaires de dotations de l’Etat, et lèvent peu
l’impôt. D’où leur satisfaction d’avoir entendu François Hollande
évoquer lundi soir des ressources « propres » et « dynamiques ».
L’Association des
régions de France lorgne les ressources des départements. Elle aimerait
récupérer 70 % des 16 milliards de CVAE (cotisation sur la valeur ajoutée
des entreprises) contre 25 % aujourd’hui. Elle aspire aussi à obtenir,
en contrepartie de la gestion des routes, une partie du versement
transport. Enfin, elle se prend à rêver de mettre la main sur une partie
des 8 milliards de droits de mutation. Toutefois, ces derniers avaient
été initialement affectés aux départements en contrepartie de la gestion
des prestations sociales. Des compétences, qui à priori, ne devraient
pas quitter pour l’instant le giron départemental.
En savoir plus sur http://www.lesechos.fr/industrie-services/tourisme-transport/0203539839905-reforme-territoriale-le-defi-du-transfert-des-agents-departementaux-1009017.php?ZSQumiDieWpCqurx.99
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire