vendredi 6 juin 2014

L'Etat devient faucheur de maïs OGM dans le Midi

Les services de l'État ont détruit jeudi trois champs de maïs OGM dans le Midi sous la protection des gendarmes et malgré la mobilisation de dizaines d'agriculteurs pour les en empêcher.

Après les militants écologistes, voilà que l'Etat lui-même se met à faucher du maïs OGM. Ses agents ont ainsi appliqué jeudi la décision du ministère de l'Agriculture, annoncée la veille. Il s'agissait en effet de faire détruire des parcelles plantées de maïs OGM sur deux exploitations, dans le Tarn-et-Garonne et en Haute-Garonne voisine, en vertu de l'interdiction de ce type de culture en France. Une destruction qui n'a pas manqué d'émouvoir le syndicat agricole majoritaire FNSEA et ses bureaux départementaux. 



Onze hectares arrachés par les autorités

Selon le président de la FDSEA locale, Alain Iches, une quarantaine d'agriculteurs a vainement tenté de s'interposer dans un champ près d'Auvillar (Tarn-et-Garonne), mais ont vite été maîtrisés par plusieurs dizaines de gendarmes. 
Au total, ce sont trois parcelles de la même exploitation, sur 11 hectares principalement situés dans le Tarn-et-Garonne et partiellement dans le Gers voisin, qui ont été détruites.
Le syndicat s'est dit "indigné" que le préfet, Jean-Louis Géraud, n'ait pas attendu jeudi après-midi que la justice statue sur un référé introduit par l'agriculteur contre sa mise en demeure. Le haut fonctionnaire de Tarn-et-Garonne a expliqué de son côté qu'il était urgent d'agir devant un "risque majeur pour l'environnement de dissémination des OGM sur les parcelles voisines".

Des OGM semés pendant le flou législatif

L'agriculteur, comme son collègue de la Haute-Garonne, a planté du maïs génétiquement modifié de la firme américaine Monsanto en mars. Ils ont profité d'une fenêtre ouverte suite à l'annulation par le Conseil d'État de l'interdiction de la culture de ce maïs OGM en France, pour non-conformité au droit européen.
La FDSEA, ne cache pas que la plantation avait une part revendicative et que les exploitants s'attendaient à avoir des soucis. Mais elles "accepte mal" la destruction de maïs alors semé "en toute légalité".

Les OGM bannis du territoire français depuis mai

Depuis, le gouvernement s'est attaché à sécuriser juridiquement l'interdiction. Le Parlement a adopté début mai une proposition de loi en ce sens, validée par le Conseil constitutionnel, et le Conseil d'État a rejeté début mai un recours contre une nouvelle interdiction gouvernementale, a rappelé le préfet de Tarn-et-Garonne. Parallèlement, un accord a été trouvé au niveau européen permettant aux États réfractaires d'interdire de telles cultures.
L'État disposait donc d'un cadre légal "très largement suffisant" pour agir sans attendre, a justifié le préfet. Des arguments rejetés par la FNSEA, étiquetée pro-OGM, qui considère la position de la France comme un "refus de la recherche et du progrès".

Des champs "doublement" arrachés

Aucun remboursement des exploitants n'est prévu à ce stade, a indiqué le préfet de Tarn-et-Garonne, sans fermer complètement la porte à une indemnisation pour autant qu'ils fassent la démonstration du préjudice infligé par l'État.
Une fois n'est pas coutume, l'Etat qui condamne d'habitude les faucheurs écologistes a cette fois suivi leur sillon. En effet, ces mêmes champs avaient été visés début mai par une action de plusieurs dizaines d'anti-OGM emmenés par le député européen José Bové, qui avaient détruit les plants.

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