Même les consommations modérées augmentent le risque de mourir prématurément.
Les statisticiens estiment que 13.000 décès par cancers de l'appareil digestif sont dus à l'alcool, auxquels il faut ajouter environ 2200 cancers du sein (pour les femmes) et plus de 12.000 morts de cause cardio-vasculaire: hypertension, atteinte cardiaque, accident cérébral. Un fait trop souvent oublié lorsque l'on évoque les «bienfaits», pour les artères, d'une faible prise quotidienne d'alcool. En réalité, on dénombre tout de même, en lien avec la consommation d'alcool, autour de 1200 décès annuels par accident vasculaire cérébral ischémique, c'est-à-dire suite à l'obstruction d'une artère du cerveau par un caillot, mais surtout 4500 décès par accidents vasculaires hémorragiques. Considérant les morts prématurés, «même à la dose relativement modérée de 13 g par jour», notent les auteurs, «le risque global est augmenté».
Car l'un des principaux effets toxiques directs de l'alcool concerne le foie, avec le risque bien connu d'insuffisance hépatique et de cirrhose, mais aussi des risques de saignements car le foie joue un rôle majeur dans la fabrication des facteurs de coagulation. Des varices peuvent également se former au niveau de l'œsophage et saigner dans l'estomac, lui-même fragilisé par l'alcool. Près de 8000 décès seraient dus à des maladies de l'appareil digestif.
En dehors du risque de saignement du tube digestif, l'autre cible préférentielle de l'alcool est le système nerveux (neurotoxicité), responsable d'environ 3500 morts en 2009. Les parois des neurones et les systèmes de neurotransmissions sont en effet lésés, parfois de façon irréversible. Soit brutalement, lors d'une prise massive, soit insidieusement, en cas de consommation habituelle. Les risques d'accidents, de chutes, de suicides et d'homicides sont augmentés par l'alcool et responsables de plus de 8000 morts chaque année.
La mortalité n'est évidemment pas le seul impact à prendre en compte. Un autre travail, réalisé par l'équipe Inserm 953 de l'université Paris-VI sous la houlette de Marie-Josèphe Saurel-Cubizolles invite à développer l'information des femmes sur les dangers associés aux fortes consommations d'alcool pendant la grossesse. Et pour cause! «La consommation de boissons alcoolisées est déclarée par 23 % des femmes», selon les auteurs. Pire encore, 2 % des femmes enceintes rapportent avoir bu au moins trois verres en une seule occasion. Or, les risques pour le fœtus sont connus, en particulier le retard de croissance intra-utérin et les déficiences intellectuelles.
Chercheurs à l'Institut de recherche et documentation en économie de la santé, Laure Com-Ruelle et Nicolas Célant ont défini des profils d'alcoolisation chez les adultes. Ils observent que les risques d'alcoolisation excessive «concernent toujours, globalement, bien plus souvent les hommes que les femmes» et que «parmi eux, les usages à risque ont crû chez les jeunes et baissé chez les plus âgés». Ils notent aussi qu'«entre 2002 et 2010, la prévalence déclarée des consommations excessives d'alcool dans l'année a peu varié globalement, mais on observe un accroissement marqué des usages à risque ponctuel chez les femmes jeunes» .
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