« Une question de vie ou de mort »
n'hésitent pas à dramatiser certains membres de la direction. La filiale
télécoms du groupe de BTP envisage de tailler dans le vif de ses
effectifs, autrement plus lourdement que lors du plan de départs volontaires de l'été 2012,
qui avait porté sur 550 postes, sur un peu plus de 9.000 salariés. Il
s'agirait cette fois de licenciements économiques, dans le cadre d'un
plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) pouvant porter sur 2.000 emplois,
soit plus de 20% des effectifs, comme l'a révélé Le Figaro. « Un directeur a évoqué le chiffre de 1.500 dans une réunion de service »
indique Azzam Ahdad, délégué syndical CFDT. Le 17 avril dernier, lors
d'un comité central d'entreprise (CCE) extraordinaire, la direction de
Bouygues Telecom a annoncé le lancement d'un « plan de simplification » des offres commerciales, mais n'a pas voulu se prononcer sur ses conséquences sociales : « si on simplifie le marketing et l'informatique, on simplifie aussi les personnes » observe, fataliste, un représentant syndical. Un comité d'entreprise se tient jeudi en début d'après-midi.
En mars, en pleine bataille pour le rachat de SFR, les salariés craignaient un plan social si Numericable l'emportait et s'inquiétaient de l'avenir de l'entreprise en solo. Depuis quelques semaines déjà, on évoque en interne la nécessité d'une « refonte complète de l'entreprise », d'une remise à plat de son modèle économique, alors que son chiffre d'affaires et son résultat d'exploitation continuent de fondre. Tailler dans les offres commerciales, donc dans les effectifs du marketing et alléger le système informatique : ce sont exactement les axes de réorganisation envisagés chez SFR par Patrick Drahi, le premier actionnaire de Numericable. Au lancement de Free Mobile, Xavier Niel avait d'ailleurs moqué ses concurrents aux catalogues aux offres pléthoriques. En imposant son standard du forfait sans engagement, le quatrième opérateur a contraint la concurrence à réévaluer ses méthodes de vente.
Le nouveau plan de réorganisation serait en fait le prolongement du « plan de transformation » lancé début 2012, déjà axé sur la simplification des offres, qui avait dégagé plus d'économies que prévu : 600 millions d'euros en cumulé sur l'activité mobile au cours des deux dernières années, notamment sur les coûts externes et commerciaux. En février 2012, Martin Bouygues faisait d'ailleurs valoir que les charges de personnel ne représentaient que 12% de la structure de coûts. « Il y a d'autres solutions que des licenciements » estime-t-on à Bercy où l'on relève qu'il y a « plein de candidats prêts à racheter Bouygues Telecom. »
Un « effet SFR » après l'effet Free
Ni Bouygues ni sa filiale ne font de commentaires, à trois jours de ce CCE et de la publication des résultats du premier trimestre, jeudi après la clôture de la Bourse. Une annonce officielle pourrait être faite à cette occasion. « C'est la conséquence immédiate et logique de l'échec du rachat de SFR » se risque une source proche de l'équipe dirigeante, tout en insistant sur le fait qu'aucun chiffre n'est arrêté à ce stade. Après l'effet Free, il y aurait donc un effet SFR. « Certains services comme le marketing et l'informatique pourraient perdre la moitié à 70% de leurs collaborateurs » indique une source interne très bien informée. Sans oublier les fonctions supports. Chez les salariés, un plan social est redouté depuis plusieurs mois déjà. En septembre 2012, un rapport du cabinet Ellipce demandé par le comité d'entreprise de Bouygues Telecom avait conclu que le plan de départs volontaires était « justifié » au vu de la situation financière dégradée de l'opérateur, quelques mois après l'arrivée fracassante de Free Mobile, et qu'il fallait « s'attendre à un deuxième plan dans un avenir prochain.»En mars, en pleine bataille pour le rachat de SFR, les salariés craignaient un plan social si Numericable l'emportait et s'inquiétaient de l'avenir de l'entreprise en solo. Depuis quelques semaines déjà, on évoque en interne la nécessité d'une « refonte complète de l'entreprise », d'une remise à plat de son modèle économique, alors que son chiffre d'affaires et son résultat d'exploitation continuent de fondre. Tailler dans les offres commerciales, donc dans les effectifs du marketing et alléger le système informatique : ce sont exactement les axes de réorganisation envisagés chez SFR par Patrick Drahi, le premier actionnaire de Numericable. Au lancement de Free Mobile, Xavier Niel avait d'ailleurs moqué ses concurrents aux catalogues aux offres pléthoriques. En imposant son standard du forfait sans engagement, le quatrième opérateur a contraint la concurrence à réévaluer ses méthodes de vente.
Chantage à l'emploi ?
Le gouvernement, en particulier Arnaud Montebourg, le ministre de l'Economie, du Redressement productif et du Numérique, qui avait soutenu Martin Bouygues dans son projet de rachat de SFR et milite pour un retour à trois opérateurs mobiles, auraient été informés. Mais les relations se sont tendues entre Martin Bouygues et le ministre sur le dossier Alstom. « Ils font fuiter un gros chiffre de licenciements au début, agitent le chiffon rouge et le diminuent ensuite, pour permettre au gouvernement de dire qu'il a fait plier l'industriel. C'est ce qu'a fait Alcatel-Lucent » fait valoir un analyste. « En pleine affaire Alstom, cela s'apparente beaucoup à du chantage à l'emploi » s'agace-t-on au gouvernement. « Dès juin 2012, Martin Bouygues avait prévenu Bercy que si l'on ne réglait pas le problème de Free, il y aurait un problème avec Alstom » confie un haut fonctionnaire bien au fait du dossier.Le nouveau plan de réorganisation serait en fait le prolongement du « plan de transformation » lancé début 2012, déjà axé sur la simplification des offres, qui avait dégagé plus d'économies que prévu : 600 millions d'euros en cumulé sur l'activité mobile au cours des deux dernières années, notamment sur les coûts externes et commerciaux. En février 2012, Martin Bouygues faisait d'ailleurs valoir que les charges de personnel ne représentaient que 12% de la structure de coûts. « Il y a d'autres solutions que des licenciements » estime-t-on à Bercy où l'on relève qu'il y a « plein de candidats prêts à racheter Bouygues Telecom. »
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