La Cour européenne de justice a débouté mardi Google dans une affaire de « droit à l’oubli » numérique. A certaines conditions, la Cour a estimé que les particuliers sont en droit d’obtenir la suppression des liens vers des pages Internet comportant des données personnelles .
La
Cour a estimé que l’exploitant d’un moteur de recherche est responsable
du traitement des données personnelles qui apparaissent sur ses pages -
AFP PHOTO / DAMIEN MEYER
C’est
un jugement qui fera sans doute date. La Cour européenne de justice
européenne a débouté Google mardi dans une affaire de « droit à
l’oubli » numérique. L’Institution a estimé que l’exploitant d’un moteur
de recherche sur internet est responsable du traitement des données
personnelles qui apparaissent sur ses pages.
Sous
certaines conditions, les particuliers peuvent obtenir la suppression
des liens vers des pages internet comportant des données personnelles en
s’adressant directement à l’exploitant, a tranché la Cour. A l’heure
actuelle, certains particuliers mais aussi des entreprises sont
contraints de passer par des
firmes spécialisées dans le référencement sur Internet afin de se
débarrasser de résultats de recherches dérangeants sur Google .
Une affaire remontant à 1998
Le
point de départ de l’affaire jugée remonte à 1998, lorsque le journal
espagnol La Vanguardia a publié dans son édition papier des annonces
concernant une adjudication sur saisie immobilière pour recouvrement de
dette visant une personne dont le nom était mentionné.
Une
version électronique du journal a par la suite été mise en ligne. En
novembre 2009, l’intéressé, Mario Costeja Gonzalez, estimant que la
mention de son nom n’était plus pertinente, la procédure relative à ses
dettes ayant été réglée depuis des années, a déposé une réclamation
auprès de l’Agence espagnole de protection des données visant Google.
Celle-ci a été saisie à son tour par Google Spain et Google Inc, et
l’affaire est remontée jusqu’à la Cour de justice.
Une surprise
Selon
la directive européenne sur la protection des données personnelles, la
personne a droit dans certains cas à ce que des informations la
concernant ne soient plus liées à son nom dans une liste de résultats,
lorsque la recherche a été effectuée à partir de son nom.
«
Les liens vers des pages web contenant ces informations doivent être
supprimés de cette liste de résultats, à moins qu’il existe des raisons
particulières, telles que le rôle joué par cette personne dans la vie
publique, justifiant un intérêt prépondérant du public à avoir, dans le
cadre d’une telle recherche, accès à ces informations », a tranché la
Cour.
Cette décision constitue
une surprise, car elle va à l’encontre de l’avis de l’avocat général,
généralement suivi par la Cour. En juin 2013, ce dernier avait estimé
que Google n’était pas dans l’obligation d’effacer les données sensibles de ses serveurs et que le « droit à l’oubli » numérique ne pouvait donc pas être invoqué à son encontre.
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