mardi 13 mai 2014

La Buba ouvre les portes à une action de la BCE en juin : l'euro plonge

Selon le Wall Street Journal, la banque centrale allemande accepterait une action de la BCE en juin si les perspectives d'inflation sont décevantes. L'euro a atteint 1,37 dollar.
Cette fois, tout semble en place pour une action d'envergure de la BCE le mois prochain. Selon les informations du Wall Street Journal (WSJ) parues à la mi-journée, ce mardi 13 mars, la banque centrale allemande, la Bundesbank a donné son feu vert à la mise en place de mesures exceptionnelles pour lutter contre le risque déflationniste. Selon le journal américain, les prévisions d'inflation pour 2016 des équipes de la BCE seront cruciales. Si elles se révèlent encore décevantes, si elles sont revues à nouveau à la baisse, alors la Buba laissera Mario Draghi agir.

Pas de QE, mais une action d'envergure

Selon le Wall Street Journal, qui cite une « personne familière avec le dossier », la Buba serait alors prête à accepter des rachats significatifs d'actifs, notamment des prêts bancaires titrisés, mais aussi un taux de dépôt négatif. Pour autant, la Buba ne veut toujours pas entendre parler de véritable assouplissement quantitatif (quantatitative easing, QE), autrement dit de rachat massif de dette privée et publique, à l'image de ce qui s'est fait aux Etats-Unis. Selon le WSJ, la banque centrale allemande a considéré, en interne, que cela représenterait un risque pour la stabilité financière de la zone euro. Il est vrai que les taux souverains sont à présent fort bas et que, pour certains pays encore très endettés, cette décrue des taux pourrait prendre des allures de bulles.
 
 
Reste que ce « feu vert » de la Buba lève sans doute le dernier obstacle à ce type d'action pour la réunion de juin du conseil des gouverneurs, le 5 de ce mois. Lors de sa réunion du 8 mai, Mario Draghi avait affirmé qu'il « était à l'aise avec l'idée d'agir la fois prochaine », confirmant ainsi son intention. Lui aussi avait cependant indiqué qu'il fallait observer les prévisions d'inflation auparavant.

Une politique économique déflationniste

Sans doute ces prévisions seront-elles mauvaises. Les forces déflationnistes restent en effet à l'œuvre en zone euro, malgré une reprise modeste de l'économie. La stratégie économique de la région, basée sur l'austérité et l'amélioration de la compétitivité externe, comprime la demande et conduit à dégager des excédents. Tout ceci est source de monnaie forte et d'inflation faible. Comme, par ailleurs, la dynamique externe est faible, rien ne laisse présager de vraie reprise capable d'alimenter les prix. A terme, le risque de déflation n'est pas à exclure, ce qui replongerait la région en récession et rendrait le désendettement public impossible.

Des actions efficaces ?

La BCE doit donc agir. Elle est la seule à pouvoir « compenser » les effets déflationnistes actuellement à l'œuvre. Mais sa capacité d'action demeure très limitée. Le rachat de prêts titrisés reste une mesure théorique, dont l'effet ne peut être qu'anecdotique puisqu'il n'y a plus de marché de ce type, ou presque, notamment dans les pays périphériques. Quant au taux de dépôt négatif, là encore, son efficacité demeure incertaine. Actuellement, il n'y a « que » 39 milliards d'euros sur la facilité de dépôt de la BCE. Si les banques ne peuvent plus utiliser cette facilité, elles déposeront cet argent sur leurs comptes courant auprès de la BCE, tout simplement. Mais rien ne les contraindra à prêter si elles ne le veulent pas. Et si les perspectives économiques restent moroses, elles ne prêteront pas. Bref, l'action de la BCE est loin d'être la panacée.

L'euro plonge

En attendant, pourtant, l'annonce du WSJ, dont la Bundesbank a affirmé qu'elle ne contenait « rien de nouveau », a eu la vertu de faire plonger l'euro. C'est sans doute sur cela que compte le plus la BCE. La monnaie unique est passée de 1,3770 dollar à 1,37 dollar en quelques instants, avant de se reprendre. Elle avait déjà chuté de près de 1 cent après la réunion du 8 mai. Pour la BCE, c'est une bonne nouvelle, car tout affaiblissement de l'euro est synonyme de plus d'inflation. Mais attention : au-delà de ces réactions de marché, les fondamentaux jouent encore en faveur de l'euro. Il faudra donc observer si cet affaiblissement est durable.

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