La Buba ouvre les portes à une action de la BCE en juin : l'euro plonge
Selon le Wall Street Journal, la banque centrale allemande
accepterait une action de la BCE en juin si les perspectives d'inflation
sont décevantes. L'euro a atteint 1,37 dollar.
Cette fois, tout semble en place pour une action d'envergure de la BCE le mois prochain. Selon les informations du Wall Street Journal (WSJ) parues à la mi-journée,
ce mardi 13 mars, la banque centrale allemande, la Bundesbank a donné
son feu vert à la mise en place de mesures exceptionnelles pour lutter
contre le risque déflationniste. Selon le journal américain, les
prévisions d'inflation pour 2016 des équipes de la BCE seront cruciales.
Si elles se révèlent encore décevantes, si elles sont revues à nouveau à
la baisse, alors la Buba laissera Mario Draghi agir.
Pas de QE, mais une action d'envergure
Selon le Wall Street Journal, qui cite une « personne
familière avec le dossier », la Buba serait alors prête à accepter des
rachats significatifs d'actifs, notamment des prêts bancaires titrisés,
mais aussi un taux de dépôt négatif. Pour autant, la Buba ne veut
toujours pas entendre parler de véritable assouplissement quantitatif
(quantatitative easing, QE), autrement dit de rachat massif de dette
privée et publique, à l'image de ce qui s'est fait aux Etats-Unis. Selon
le WSJ, la banque centrale allemande a considéré, en interne, que cela
représenterait un risque pour la stabilité financière de la zone euro.
Il est vrai que les taux souverains sont à présent fort bas et que, pour
certains pays encore très endettés, cette décrue des taux pourrait
prendre des allures de bulles.
Reste que ce « feu vert » de la Buba lève sans doute le
dernier obstacle à ce type d'action pour la réunion de juin du conseil
des gouverneurs, le 5 de ce mois. Lors de sa réunion du 8 mai, Mario
Draghi avait affirmé qu'il « était à l'aise avec l'idée d'agir la fois
prochaine », confirmant ainsi son intention. Lui aussi avait cependant
indiqué qu'il fallait observer les prévisions d'inflation auparavant.
Une politique économique déflationniste
Sans doute ces prévisions seront-elles mauvaises. Les forces
déflationnistes restent en effet à l'œuvre en zone euro, malgré une
reprise modeste de l'économie. La stratégie économique de la région,
basée sur l'austérité et l'amélioration de la compétitivité externe,
comprime la demande et conduit à dégager des excédents. Tout ceci est
source de monnaie forte et d'inflation faible. Comme, par ailleurs, la
dynamique externe est faible, rien ne laisse présager de vraie reprise
capable d'alimenter les prix. A terme, le risque de déflation n'est pas à
exclure, ce qui replongerait la région en récession et rendrait le
désendettement public impossible.
Des actions efficaces ?
La BCE doit donc agir. Elle est la seule à pouvoir
« compenser » les effets déflationnistes actuellement à l'œuvre. Mais sa
capacité d'action demeure très limitée. Le rachat de prêts titrisés
reste une mesure théorique, dont l'effet ne peut être qu'anecdotique
puisqu'il n'y a plus de marché de ce type, ou presque, notamment dans
les pays périphériques. Quant au taux de dépôt négatif, là encore, son
efficacité demeure incertaine. Actuellement, il n'y a « que » 39 milliards d'euros sur la facilité de dépôt de la BCE.
Si les banques ne peuvent plus utiliser cette facilité, elles
déposeront cet argent sur leurs comptes courant auprès de la BCE, tout
simplement. Mais rien ne les contraindra à prêter si elles ne le veulent
pas. Et si les perspectives économiques restent moroses, elles ne
prêteront pas. Bref, l'action de la BCE est loin d'être la panacée.
L'euro plonge
En attendant, pourtant, l'annonce du WSJ, dont la Bundesbank
a affirmé qu'elle ne contenait « rien de nouveau », a eu la vertu de
faire plonger l'euro. C'est sans doute sur cela que compte le plus la
BCE. La monnaie unique est passée de 1,3770 dollar à 1,37 dollar en
quelques instants, avant de se reprendre. Elle avait déjà chuté de près
de 1 cent après la réunion du 8 mai. Pour la BCE, c'est une bonne
nouvelle, car tout affaiblissement de l'euro est synonyme de plus
d'inflation. Mais attention : au-delà de ces réactions de marché, les
fondamentaux jouent encore en faveur de l'euro. Il faudra donc observer
si cet affaiblissement est durable.
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